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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

La Fin du catholicisme français ? Évidences et conséquences possibles sur la maçonnerie (4)

La Fin du catholicisme français ? Évidences et conséquences possibles sur la maçonnerie (4)

Jean-Pierre Bacot

Les Religieuses se retirent

Denis Diderot pourrait se réjouir. Même si toutes les religieuses qui auront exercé leur activité après son quasi roman écrit en 1780, publié en 1796 et plusieurs fois adapté au théâtre et au cinéma, n’auront pas été aussi rosses que les personnages par lui décrits, celles-ci, qu’elles soient apostoliques ou moniales, disparaissent du paysage français. Et ce, encore plus rapidement que les hommes. Comme elles viennent de plus haut, leur chute apparaît proprement vertigineuse. D’autant que la population globale du pays ne cessant d’augmenter, leur part relative n’en est que plus faible. Sachant qu’environ 85% d’entre ces religieuses sont apostoliques, c'est-à-dire consacrées à des fonctions sociales, essentiellement hospitalières ou enseignantes et 15% moniales, assez souvent cloitrées, les statistiques ici résumées, valent mieux qu’un long discours. On notera au passage que ces données concernant des femmes sont moins souvent proposées que celles qui concernent les hommes.

Chez les apostoliques, avec les ursulines au premier chef, grandes éducatrices, les franciscaines et tant d’autres dénominations, comme avec les moniales, carmélites, bénédictines, clarisses, cisterciennes, visitandines, dominicaines, certains groupes se partageant d’ailleurs entre apostoliques et moniales, aucune entité n’échappe au recul. Cette disparition programmée du personnel religieux catholique féminin aux alentours de 2030 (quelques milliers de survivantes à cette date et les trois quarts des couvents fermés) ne concerne pas que l’Église apostolique et romaine. Les emplois de fait que les religieuses tenaient et tiennent encore vont devoir être repris par la société sous une forme et sous une autre et le patrimoine immobilier qu’elles libèrent progressivement, offre des opportunités aux collectivités locales, à des prix parfois faramineux, eu égard à la localisation de certains emplacements et à la pression immobilière. Quant à la projection de cette véritable déshérence à une quinzaine d’années, elle est méthodologiquement permise par le croisement des données que sont le nombre d’entrées en religion, celui des décès et des départs, ainsi que l’âge moyen des personnes concernées. Aux États-Unis, où l’écroulement du catholicisme est aussi avéré et plus largement documenté que chez nous, de 1965 à 2015, le nombre de religieuses catholiques a chuté de 180 000 à 57 000, ce qui montre que la France n’est qu’une tête de pont dans un processus qui touche tout le monde occidental, même s’il existe une spécificité nord-américaine, notamment le fait que les très libérales membres de la Leadership Conference of Women Religious (LCWR) soient en délicatesse avec le Vatican et que la phase terminale soit une période de crise idéologique, ce qui n’est pas le cas en France. Ajoutons que, ce phénomène s’inscrivant dans ce mouvement général de déplacement géographique de la croyance, de la pratique et de l’engagement, le nombre de femmes venues d’Afrique ou d’Asie dans les couvents français augmente régulièrement dans l’effectif présent sur le territoire français, ce qui réduit d’autant ce qui subsiste de la situation que connut Diderot, nombre de ces femmes portant pour certaines encore le voile dans l’espace public.

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