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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Quarante ans d’expérience de réception des immigrés en Rhône-Alpes

Quarante ans d’expérience de  réception des immigrés en Rhône-Alpes

À propos de Mémoire de l’accueil des étrangers, sous la direction d’Abdellatif CHAOUITE, La Fosse aux ours, 2014

Arsène

Par les temps qui courent, comme on le dit familièrement, les études sérieuses sur la manière dont ont été et sont accueillis les immigrés sont précieuses. Et comme ces travaux sont assez rares, emparons-nous pour nos lecteurs d’un ouvrage collectif qui fait le point sur la question à travers un exemple régional, en Rhône-Alpes, avec une intéressante profondeur historique.

Abdellatif Chaouite, anthropologue grenoblois, auteur notamment de L'interculturel comme art de vivre (L’Harmattan, 2007) et d’Imaginaire interculturel. Dérivations et dérives, préfacé par Patrick Chamoiseau, (L’Harmattan, 2011), a coordonné un grand nombre d’études et de témoignages qui se croisent ici utilement. C’est un membre actif de La Maison des Passages, structure associative qui regroupe à Lyon des chercheurs, des artistes, des militants et des associations et auprès de laquelle on peut commander ce livre, ainsi que la revue Écarts d’Identité, dont il constitue un numéro spécial (La Maison des Passages est au 44 rue Saint Georges69 005 Lyon04 78 42 19 04maisondespassages@orange.fr).

Comme l’auteur le souligne dans son texte introductif : « Pour une mémoire de l’accueil des immigrés », le travail de mémoire sur l’immigration s’est construit tardivement en France, et surtout à partir des apports de l’immigration à la société. En revanche, il n’existe presque rien à propos de l’accueil qui fut réservé aux personnes. Pourtant, l’essentiel des souvenirs d’immigrés disponibles porte sur la manière dont ils furent humainement reçus. Les divers apports de ce livre collectif tentent en conséquence de combler l’écart qui existe entre la mémoire collective et les mémoires individuelles.

Pour leurs contributions à ce volume, les spécialistes qui sont en même temps pour beaucoup des acteurs sociaux, installés à Lyon, Grenoble ou dans d’autres lieux de la région Rhône-Alpes, se sont appuyés sur quarante années d’expérience. L’année 1974 fut en effet capitale, puisque marquée en France, après la crise pétrolière (la fin des Trente glorieuses), à la fois par la suspension de l’immigration destinée au salariat et par le lancement du regroupement familial. Mais le matériau mémoriel auquel les textes s’attaquent est historiquement plus profond, sans que soit cependant évoquée la question coloniale. Ce n’est pas qu’elle soit en quoi que ce soit taboue chez Abdellatif Chaouite et ses auteurs, mais il s’agitici de centrer le propos sur ce que furent les modalités concrètes de l’accueil. Cet axe ayant été choisi et déployé, l’un des intérêts de ce recueil est de mêler, comme le fait La Maison des passages, les approches théoriques et les applications pratiques, avec des comptesrendus des expériences. Entre histoires de vie, souvenir des organisations et mémoire des lieux, le livre s’articule en quatre parties. « Enjeux de l’accueil » ; « Acteurs et associations de l’accueil » ; «Lieux d’accueil et de mémoire » ; «Scènes et échos d’accueil ». On comprendra qu’il puisse intéresser un lectorat humaniste et progressiste dont il n’est pas besoin de souligner à quel point il est demandeur de réflexions et d’expérimentations après l’effet de sidération dont ce Blog a rendu compte. Nous sommes encore et toujours tous Charlie, mais nous ne nous endormons pas sur nos pleurs.

Pour prolonger :

Une recension exhaustive de ce livre et une analyse des derniers numéros de la revue Écarts d’Identité paraîtront dans le numéro 7 de Critica Masonica qui sortira en novembre 2015, dans lequel figurera également un article d’Abdellatif Chaouite sur la notion d’interculturalité à la lumière de la pensée d’Édouard Glissant.

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