Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Julien Vercel
Dans les 6 westerns où la maçonnerie est présente explicitement, aucun frère ne cache son appartenance. Bien au contraire, ils arborent une multitude d’objets maçonniques… qui, bien souvent, vont de pair avec leur statut de victime.
De féroces et violents ennemis
Il n’y a que dans La Kermesse de l’Ouest où l’on retrouve l’ennemi traditionnel et bien connu de ce côté-ci de l’Atlantique : l’homme d’Église. Dans le film de Joshua Logan, il s’agit de Parson, le prédicateur (Alan DEXTER). Il arrive dans la ville des chercheurs d’or -qu’il compare volontiers à Sodome et Gomorrhe- à cheval alors que sa femme marche devant lui en tenant la bride. Rien d’étonnant à ce qu’il détonne avec son attitude machiste, par rapport à l’esprit de liberté qui anime le ménage à trois des héros. Et cette arrivée en ville est ponctuée de ses commentaires accusateurs envers tous ceux qu’il estime en perdition. C’est ainsi qu’il met en garde une prostituée : « Femme sans pudeur, tu crois peut-être que le Seigneur n’était qu’un pauvre type qui se baladait dans un drap déchiré il y a deux mille années de cela ? Et bien tu te trompes, femme, il est ici et il te voit ». Et c’est également ainsi qu’il condamne un groupe de chercheurs d’or buvant bruyamment dans la rue : « Vous Jouisseurs sans foi ni loi ! Qui êtes-vous ? Francs-maçons ? Rosicruciens ? Émissaires païens surgis des antres de Babylone. Soûlards. Baffreurs. Joueurs. Prostituées. Fornicateurs ! ». L’insulte « francs-maçons » est assez peu efficace dans la bouche d’un personnage qui reste ridicule et finalement inoffensif.
En revanche les autres ennemis qu’ils soient indiens ou hors-la-loi, sont autrement plus redoutables et, à chaque fois, les maçons en deviennent les victimes jusqu’à en perdre la vie. Dans La Prisonnière du désert, lorsque Ethan (John WAYNE) et Martin (Jeffrey HUNTER) qui recherchent la jeune fille enlevée par les Indiens, explorent un camp de Comanches Nawyecky qui vient d’être dévasté par la cavalerie, l’un des indiens morts, un sabre planté dans le torse, porte un tablier maçon. Le tablier est la preuve que cet Indien a bien participé aux raids meurtriers contre les fermes des blancs.
Dans les deux versions de Cent dollars pour un shérif, Tom Chaney (Jeff COREY et Josh BROLIN) est le hors-la-loi qui assassine le maçon Frank Ross (John PICKARD et Philip KNOBLOCH). À la différence de Frank, Tom a beaucoup de défauts : il joue, il boit, il vole... et il tue, il a d’ailleurs précédemment tué un sénateur au Texas. Dans Tombstone, le maçon Turkey Creek Jack Johnson (Buck TAYLOR) rejoint les frères Earp pour se battre contre une bande de hors-la-loi surnommée « les cowboys ». Les pires ennemis des maçons sont donc bien les hors-la-loi, ce qui confirme que les maçons sont bien du côté de la justice, de la paix sociale, mais aussi de l’ordre.
À suivre…