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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

À propos de l'exposition : "Capable ! Chansons de compagnons"

À propos de l'exposition : "Capable ! Chansons de compagnons"

Clément Larchevêque

Rares sont les expositions consacrées au compagnonnage qui ne se contentent pas d’exposer des chefs d’œuvre issus de divers métiers. Celle qui se tient depuis le 8 mai et jusqu'au 14 décembre 2015 au Musée du compagnonnage de Romanèche-Thorins en Saône-et-Loire, et qui a donné lieu à une publication intitulée « Capable ! Chansons de compagnons » présente plusieurs documents originaux portant de textes et partitions datant des XIXe et XXe siècles. Ces chants, que l'on peut entendre interprétés par des voix hésitantes ne parlent généralement pas des métiers, mais exaltent les vertus de courage et d’abnégation. Ils font souvent référence aux pères fondateurs et sont parfois interprétés en l’honneur d’un compagnon partant ou d’un arrivant, en présence de la Mère en cordon blanc.

À propos du compositeur de l’un des classiques du champ compagnonnique, datant de 1943 : «Travaille et chante », Joseph Dulaud (1888-1973), dit la Gaieté de Villebois, compagnon tailleur de pierre du devoir, Julie Hyvert, anthropologue et auteure d’un ouvrage sur ce sujet (le Chant à l’œuvre, la pratique chansonnière des Compagnons du tour de France, Presses Universitaires de Rennes, 2005), responsable de la publication écrit : « C’est en pleine occupation qu’un renouveau du compagnonnage se développe avec la protection et les encouragements du Maréchal Pétain, qui pensait trouver là un soutien efficace et l’un de ses modèles pour sa révolution nationale » . Paradoxalement les héritiers de cette branche sont aujourd'hui les plus ouverts et, notamment, les seuls à s'être féminisés.

Le catalogue de l'exposition montre également des illustrations représentant les célèbres «conduites », mais aussi une « chaîne d’alliance » dont Agricol Perdiguier, principal acteur du renouveau compagnonnique au XIXe siècle affirme qu’elle a été adoptée en 1858 par les enfants de Salomon, de maître Jacques, de Soubise. Il s’agit là de l’un des nombreux emprunts de ce compagnonnage à la franc-maçonnerie.

Volontiers repris dans les banquets qui se tiennent en général à la date d’une fête patronale, ces chants, dont certains sont connus de tous les « pays » ( les compagnons travaillant au sol) et « coteries » ( ceux qui oeuvrent en l'air), sont introduits de manière ritualisée et sont suivis d’une série d’applaudissements rythmés, le nombre de « pattes » correspondant au nombre de frappes.

Loin des dissensions et des nombreuses rixes qui marquèrent le XIXe siècle, les actuelles fraternités compagnonniques assument tranquillement leurs traditions et ouvre volontiers leurs banquets à des proches.

Ce post est un extrait en avant-première du n° 7 de Critica Masonica à paraître, abonnez-vous!

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