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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Guénon de nom ! Non à Guénon…Mais après réflexion

Guénon de nom ! Non à Guénon…Mais après réflexion

Jean-Pierre Bacot

Des dizaines de livres et d’articles ont été écrits sur la pensée de René Guénon, traduite dans ses écrits, la plupart favorables, quelques uns négatifs. Mais comment se fait-il donc que la dimension biographique ait été si peu développée ? (Voir tout de même David Bisson, René Guenon, une politique de l'esprit,Éditions Pierre Guillaume de Roux, 2013 dont nous reparlerons prochainement). Les sources sont pourtant toutes accessibles, rien n’ayant été détruit. C’est sans aucun doute que la vie de ce personnage torturé, probablement homosexuel en ses débuts, ce qui à cette époque n’était pas aussi simple à assumer qu’aujourd’hui, grâce à l’émancipation portée par la modernité, mériterait d’éclairer, sans la clore faut-il le préciser, l’explication de ce que furent ses idées obtuses à propos des femmes, réduites entre autres amabilités au symbolisme du tricot. De même ses études pas très bien réussies pourraient-elles expliquer son anti-intellectualisme et l’antisémitisme de son père, antidreyfusard avéré, son islamisme anti-juif précédé d’une fréquentation des milieux maurassiens. Mais quoi qu’il en soit, il faudrait un véritable travail biographique critique. Viendra-t-il un jour ? Ce n’est peut-être pas pour demain, car les universitaires rendent bien aux auteurs ésotérisants le mépris qu’ils leurs vouent.

Sur un autre plan, les dates qui sont celles de Guénon (1886-1951) obligent tout chercheur un tant soit peu honnête à mettre ses nombreux écrits en perspective historique. Et on en arrive ici à une nécessaire lecture critique d’une œuvre dont on a du mal à comprendre comment certains, et même certaines –moins nombreuses, certes-, peuvent l’admirer. La résolution de ce paradoxe constituerait une partie d’une analyse dont on semble encore avoir fait l’économie dans le milieu maçonnique. Patience, un début de solution sera amené par Stéphane François, qui n’est pas maçon, dans le numéro 8 de Critica Masonica. Mais celles et ceux qui ne pourraient pas attendre peuvent lire l’analyse lumineuse de Daniel Lindenberg dans son article de 1991, « René Guénon ou la réaction intégrale » (revue Mil neuf cent, 1991,« Les pensées réactionnaires », volume 9, n°1 pp. 69-79).

Dès le début, Guénon campa en effet sur une position qu’on peut effectivement poser sans polémique, mais parce que les mots ont un sens : réactionnaire. De son attitude antipolitique, que dire, sinon reprendre le vieil adage selon lequel « Si tu ne t’occupes pas de politique, la politique s’occupera de toi ! ». Une telle posture ne tient pas intellectuellement la route une seconde. Que fait le Guide en Iran, quand il se met au-dessus des ministres ou des parlementaires ? De la politique, théocratique, certes, mais tenant à la gestion de la société. Poussons plus loin l’affaire. Si un Grand commandeur prétend être au dessus d’un Grand maître, il fait aussi de la politique maçonnique. Cette manière de se poser hors champ du politique, de façon assez méprisante au demeurant, est assez typique de ceux qui ne peuvent aspirer à une élection démocratique (Guénon,d’ailleurs, haïssait la démocratie), mais qui sont aussi orphelins d’appareils théocratiques dans lesquels ils n’auraient probablement pas fait long feu.

Quant à la« tradition primordiale », tous les maçons devraient lire The Invention of Tradition (sous la direction d’Eric Hobsbawm et Terence Ranger, Cambridge, 1983. Traduction française : L'invention de la tradition, trad. par Christine Vivier, Éditions Amsterdam, 2006), à savoir que la tradition n’est pas la coutume et qu’elle relève le plus souvent d’une invention récente, en réaction à des évolutions de la société jugées néfastes. Signalons au passage que l’école authentique des chercheurs en histoire maçonnique repose sur ces bases. Mais il en va hélas ainsi :l’idéologie guénonienne est antinomique avec l’appel aux sciences humaines. Elle entend parler d’un ailleurs sans histoire, puisque immémorial, sans contexte, puisque supposée hors société. L’absence de biographie crée une sorte de gourou désincarné ; le refus d’une mise en contexte par rapport à la pensée de droite ou à la culture islamique, installe un personnage hors-sol et ses écrits circulent dans un univers d’individus sortis du religieux et des sommes de travaux théologiques sédimentés au cours des siècles, des postchrétiens pour la plupart, qui se piquent de spiritualité, des « cherchants », néologisme apparu dans ce cadre spécifique, méprisant les chercheurs,ces affreux casseurs de jouets pour adultes.

Une première version de ce texte est parue sur Hiram.be.

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G
Article totalement faux de A à Z et qui a produit chez moi l'effet inverse. A savoir encore plus d'administration et de révérence envers une œuvre aussi solide face à un auteur certes inclassable mais au message sublime. Peut on en dire autant de l'auteur de ce torchon ? Ca m'étonnerait fort !!!!
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G
Rien n'est solide dans cet article tiède à vomir.
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R
A vomir? L'extrême droite aurait-elle infiltré la maçonnerie?
B
Ne sombrons pas dans l'homophobie. Que Guénon dont la biographie est plus que lacunaire ait été ou non homosexuel n'a rien d'infamant, ni de pitoyable.
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D
Vos seules insinuations sur la prétendue homosexualité de René Guénon suffisent à discréditer votre texte qui n'est d'ailleurs étayé par aucune preuve. Médisez,médisez il en restera toujours quelque chose. Tout cela est pitoyable.
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