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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Tripartisme : comment le pas de trois prépare le pas de deux (3/3)

Tripartisme : comment le pas de trois prépare le pas de deux (3/3)

Julien Vercel

L’avantage de la tactique « républicaine » de Manuel Valls sur celle se revendiquant tout autant « républicaine » de Nicolas Sarkozy, est particulièrement lisible dans les récentes déclarations confuses de l’ex. Alors qu’il avait réaffirmé son attachement à la tactique du « ni-ni » : « Nous ne voterons ni pour le Front national ni pour ceux qui font monter le Front national » (24 mars 2015, RTL), Nicolas Sarkozy a eu cette phrase étrange le soir du second tour des élections régionales en expliquant que « l’unité de la famille des Républicains, l’union avec le centre, le refus de toute compromission avec les extrêmes ont permis ces résultats ». Où est le « ni-ni » dans les raisons de son succès ? Pas dans « le refus de toute compromission avec les extrêmes » qui signifierait de placer le Parti socialiste (PS) parmi ces « extrêmes » !

Pendant que se déroulent ces querelles « républicaines », des voix s’élèvent en faveur de recompositions politiques plus ou moins originales. Déjà l’année dernière, Manuel Valls souhaitait « bâtir une maison commune (...) de toutes les forces progressistes » (23 octobre 2014, L’Obs). Aux lendemains des élections régionales, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, prône une « alliance populaire », fédération de gauche et républicaine et Barbara Pompili, député écologiste, veut des états généraux « de la gauche, des écologistes et d’une manière générale des démocrates » alors que Cécile Duflot, également députée écologiste, se contenterait bien de ressusciter la « gauche plurielle » de 1997 avec ce qu’elle appelle une « coalition de transformation » (15 décembre 2015). Bruno Le Roux, député socialiste, veut dépasser le PS : « il faut créer quelque chose de nouveau, un grand parti de gauche réformateur dans notre pays » (15 décembre 2015), alors que Jean-Pierre Raffarin, sénateur de droite très « vallsien », ose un pas vers l’union du centre et de la gauche en proposant un « pacte républicain contre le chômage » (16 décembre 2015)...

Gauche unie et union avec le centre, voilà la synthèse que devrait réaliser François Hollande pour espérer ne pas être éliminé à l’issue de la période tripartite. Sauf s'il a déjà tiré un trait sur la gauche et qu'il mise tout sur une alliance des centres comme l'indique la course sécuritaire de ce début d'année 2016.

Quant à Nicolas Sarkozy, il doit d’abord gagner les primaires au sein de la droite, c’est pour cela qu’il sert aujourd’hui aux électeurs de son parti ce qu’ils veulent entendre. Mais, la primaire passée, il devra mettre de l’eau centriste dans son vin droitier pour espérer ne pas être éliminé à l’issue de la période tripartite.

Le tripartisme avec un FN fort de sa dynamique électorale, met les deux ex candidats de 2012 dans une situation difficile : ils doivent d'abord convaincre les Français qu'ils ont encore quelque chose à faire d'utile, il doivent ensuite mobiliser leur camp en radicalisant leur discours... mais sans décourager les électeurs modérés pour ne pas hypothéquer l’avenir ! Plutôt que de se jeter la « République » à la figure ou d’en revendiquer le monopole, ils feraient donc mieux de se faire les sincères promoteurs d’une démocratie renouvelée. C’est même la seule stratégie -et non plus tactique- à adopter face à un parti xénophobe, clanique et autoritaire : « la démocratie, stupide ! ». Comme le confiait le philosophe Jacques Rancière, il y a déjà dix ans, à l’occasion de la sortie de son livre La Haine de la démocratie (éditions La Fabrique) : « La démocratie est un terme inventé par ses ennemis pour désigner le gouvernement du peuple, c’est-à-dire le gouvernement des incompétents. Cette définition est négative. Il faut la positiver et penser la démocratie comme excès, lui rendre son scandale pour la sortir du mépris » (1er novembre 2005, regards.fr). Pour vaincre ceux qui s’appellent désormais les « patriotes », le tripartisme ne doit pas accoucher d’un bipartisme avec ceux qui s’appellent encore les « républicains », mais avec tout ceux qui ne s’appellent pas encore les « démocrates ».

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