Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Il y a aujourd’hui environ 1 800 femmes membres du Grand orient de France, dont sans doute un quart ont été affiliées en provenance d’une autre obédience (Grande loge féminine de France-GLFF, Grande loge mixte de France-GLMF, Grande loge mixte universelle-GLMU essentiellement). Après de longues années d’un débat parfois houleux, en particulier sur la toile, aujourd’hui largement apaisé, mais dont le contenu mériterait d'être édité, et cinq années d’ouverture, nous sommes avec un tel nombre de femmes très loin d’un raz de marée que certains espéraient et que d’autres redoutaient lorsque la question a commencé à se poser concrètement de ne plus oublier la moitié de l'humanité au sein de la principale obédience française réputée progressiste.
Sept années après le maintien d’Olivia Chaumont dans sa loge, une fois son changement de sexe effectué, le Grand orient qui annonce quelque 50 000 membres pour 1 200 loges ne compte donc à ce jour que : 1,5 femme par loge en moyenne ! Cela dit, une moyenne ne saurait faire vérité. Certaines loges, notamment à Paris, sont féminisées au quart, voire au tiers de leur effectif. Des ateliers d’autres régions ont aussi progressé dans ce sens. Mais cela implique a contrario qu’une grande majorité des ateliers du Grand orient ne comportent aucune femme, certaines loges continuant même à refuser leur visite, fussent-elles membres de la même obédience.
Aujourd’hui, le Droit humain annonce 17 000 adhérents, dont probablement 10 000 sœurs. La GLFF qui semble amorcer une légère décrue en compte 14 000 et la GLMF environ 5 000, dont 2 500 femmes, pour ne mentionner que les obédiences féminisées de quelque importance. Le Grand orient se situe donc en quatrième position. S’il peut espérer accéder au podium dans quelques années, cela ne relèvera toujours pas d’une véritable féminisation, laquelle devrait être observée avec d’autres indicateurs, comme l’accès aux responsabilités, la présence dans les hauts grades, etc.
D’où cette antienne qu'on nous pardonnera, la féminisation de la franc-maçonnerie en général et celle du Grand orient de France en particulier ne sont-elles pas intervenues historiquement trop tard ?