Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Julien Vercel
Il faut sûrement être dans les cercles les plus élevés, les plus stratégiques et les plus fermés du pouvoir pour arriver à comprendre ce qui motive les actions de David Cameron et de François Hollande.
Prenez le « conservateur » David Cameron. Mais pourquoi s’est-il engagé dans un débat sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE), le « Brexit »... alors que son pays a déjà obtenu la dilution du projet européen dans des élargissements successifs, que la Grande-Bretagne bénéficie déjà de règles spécifiques d’une Union à « la carte », qu’une telle sortie n’est souhaitée ni par la City, ni par la plupart des chefs d’entreprises britanniques, que la Grande-Bretagne réalise la moitié de ses relations commerciales avec des membres de l'UE et qu’une sortie de l’UE redonnerait vigueur aux arguments en faveur de l’indépendance de l’Écosse restée pro-européenne et serait donc porteuse d’un possible démantèlement du Royaume-Uni ?
Prenez le « socialiste » François Hollande. Mais pourquoi s’est-il engagé dans un débat sur la déchéance de nationalité, alors que cette réforme est issue des propositions d’une certaine droite et de l’extrême-droite, que la rupture d’égalité entre les Français qu’elle portait dans sa première version, ne pouvait qu’irriter les forces de gauche et qu’elle ne contribuera à rien dans l’efficacité de la lutte contre le terrorisme ?
Les cercles les plus élevés, les plus stratégiques et les plus fermés du pouvoir me répondraient sûrement : « C’est la triangulation, stupide ! » : on récupère les idées du camp adverse pour le paralyser. C’est ainsi que David Cameron doit étouffer l’aile droite de son parti et le United Kingdom Independence Party (UKIP). La promesse d’un référendum sur l’appartenance à l’UE lui a d’ailleurs permis de remporter les dernières élections législatives de mai 2015. C’est ainsi que François Hollande doit étouffer la droite pour gagner face au Front national (pour la gauche, il est déjà convaincu qu’elle est trop divisée pour constituer un danger). Après la politique de compétitivité fondée sur la baisse du coût du travail, la déchéance de nationalité empêche d’ailleurs un peu plus la droite de se distinguer, sauf à ressembler à l’extrême-droite.
Dit autrement et plus directement, voilà donc deux hommes qui ne se préoccupent que de leur réélection. Qui préfèrent ouvrir des débats inutiles et dangereux, l’un sur le « Brexit » et l’autre sur la « déchéance de nationalité », plutôt que de servir les intérêts de leur pays.
Entre le profit personnel et l’intérêt général, ils ont choisi. Le profit personnel constitue-t-il désormais le seul horizon de nos démocraties ? Voilà une question qui pourrait être soumise à l’étude des loges.