Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
La Grande loge mixte de France (GLMF) est née en 1982 dans des conditions plus rocambolesques qu’on le croit généralement, avec le départ de onze loges de la Grande loge mixte universelle (GLMU) qui, quant à elle, avait fait scission du Droit humain en 1973. La GLMF a, depuis, largement creusé l’écart avec la GLMU, laquelle compte environ 1 300 membres, alors que sa grande sœur s'approche aujourd’hui des 5 000 adhérents (52% de femmes et 48% d’hommes). Son site officiel annonce 214 loges en activité, toutes mixtes, dont 91 travaillent au rite français, 86 au rite écossais, 20 au rite de Memphis-Misraïm, 8 au rite émulation, 5 au rite écossais rectifié (RER) et 4 au rite source et lumière. Des structures existent pour chacun de ces rites au delà de la maîtrise.
Depuis 2014 au moins, la majorité des ateliers qui se créent dans cette obédience qui semble connaître le plus fort taux de croissance de tout le paysage maçonnique français, oeuvrent au rite écossais ou à d'autres rites spiritualistes et il ne s’installe pas davantage de loges au rite français qu’aux rites émulation ou de Memphis-Misraïm. Il ne semble pas que les nombreux projets d’ouverture de loges échappent à ce nouvel équilibre.
On assiste donc à une incontestable spiritualisation de cette obédience qui fut considérée dans ses deux premières décennies comme un petit « Grand orient » mixte. Le Grand orient de France (GODF) étant comme nul ne l'ignore devenu mixte, ou tout au moins certaines de ses loges, le paysage s’est trouvé, du coup, modifié. Mais l’écossisation de la GLMF n’en fait pas pour autant un clone du Droit humain. La pluralité de ses rites, comme l’indépendance des structures de hauts grades, constituent en effet deux différences importantes avec l’obédience de la rue Jules Breton.
Peut-être la GLMF va-t-elle, pour ce qui devient la majorité de ses loges, bénéficier de la fermeture des grandes obédiences spiritualistes aux femmes ? Attendons cependant les prochaines années pour tirer des plans sur la comète écossaise.