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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Les Femmes dans la maçonnerie espagnole (1/4)

Les Femmes dans la maçonnerie espagnole (1/4)

Isabel Hernandez-Fernandez (traduction Yolande Bacot)

Nous proposons ici une série de quatre articles consacrés à un panorama des conditions d'apparition des femmes dans la maçonnerie espagnole. On constatera que la situation aura été très différente de celle de la France, pour des raisons tenant essentiellement au statut pour le moins fragile outre Pyrénées d'une démocratie dont on sait qu'elle est nécessaire, sinon suffisante au développement des loges. La plupart des éléments rassemblés ici par Isabel Hernandez-Fernadez n'ont jamais fait l'objet d'un développement en langue française.

1/ Les origines : la maçonnerie d'adoption

En Espagne, la maçonnerie d'adoption naît à la fin du XIXème siècle, très influencée par la maçonnerie française. Ses premiers règlements apparaissent pour résoudre les problèmes d'irrégularité issus de l'initiation de femmes dans différentes loges de Rite écossais ancien et accepté (REAA), comme le montre à l'évidence le texte de la Loi d'adoption que promulgue le Grand orient espagnol, le 15 août 1892. En outre, la maçonnerie d'adoption vient de la nécessité d'adapter l'Ordre aux transformations sociales, les femmes commençant lentement à faire valoir leurs droits. Ce sont pour autant que des prémices; car l'égalité maçonnique entre hommes et femmes est bien loin d'être acquise à cette époque et ce pour cinq raisons :

- La maçonnerie d'adoption est encore complètement dépendante des loges masculines, les travaux des femmes devant être présidés par le Vénérable maître de la loge qui les parraine;

- Les femmes ne peuvent être reçues qu'aux trois premiers grades symboliques : Apprentie, Compagnonne et Maîtresse. Dans des documents de 1906, il est indiqué cependant qu'il leur était permis de recevoir le grade de Maître parfait;

- L'admission des profanes dépend entièrement de la décision de la loge adoptante et non de la loge d'adoption;

- Les femmes sont exemptées du paiement des capitations dues à l'Obédience, ce qui, à nouveau, signe leur dépendance à la loge masculine;

- Au Grand orient espagnol,les soeurs sont privées de voix et de vote lors des assemblées générales.

Devant cette situation, qui ne s'était pas vraiment améliorée dans les années suivantes, apparaît, dans le Bulletin du Grand orient espagnol (BOGOE) de l925, une proposition visant à concéder davantage d'importance aux femmes dans les loges. L'initiative émane du Chapitre Rose-Croix Lucentino de Alicante qui demande une réforme des statuts généraux de l'Ordre pour recevoir les femmes dans les ateliers symboliques avec des droits maçonniques équivalents à ceux des hommes.

Du côté de la Grande loge espagnole (GLE), il y eut aussi quelques tentatives destinées à changer la situation des femmes en maçonnerie qui se traduisirent par des propositions présentées devant l'Association maçonnique internationale (AMI). Dans le bulletin de la GLE de juin 1933, paraît un résumé des actes de la Grande assemblée ordinaire de cette année-là. Y figure une proposition sur les droits de la femme présentée par la loge Mantua, au nom de la loge d'adoption Amor de Madrid, demandant l'autonomie pour les loges féminines et l'égalisation avec les hommes en termes de signes et grades. De plus, il est proposé que, dans les convents internationaux, la GLE soumette systématiquement un vote tendant à favoriser toute proposition sur l'égalité des droits de la femme à l'intérieur de la maçonnerie. Cette proposition ne rencontrera aucun succès.

Si la vieille structure maçonnique se maintient telle qu'elle durant la Seconde République (1931-1939), une certaine tendance à la modernisation pointe dans quelques secteurs et la présence féminine dans les loges masculines continue d'être fréquente.

À suivre.

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Commenter cet article
L
Originaire du Midi toulousain, une région qui accueillit, pas toujours bien d'ailleurs, les espagnols républicains fuyant le franquisme, je sais que des francs-maçons comptaient parmi leurs rangs. <br /> Je crois même me souvenir qu'une loge composée uniquement de ces espagnols a vu le jour du côté de Moissac. Loge à l'origine d'un réseau de résistants espagnols en plein Sud-Ouest. <br /> Cela étant, il est vrai que l'on parle moins de la Franc-Maçonnerie espagnole que des autres Franc-Maçonnerie de pays européens.<br /> Peut-être à cause de la toute puissance catholique au moins jusqu'au franquisme inclus.<br /> Alors la Franc-Maçonnerie féminine espagnole....<br /> Bref, belle initiative dont nous suivrons les trois autres épisodes avec un intérêt certain.
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A
On attend la suite avec impatience<br /> Ce n'est pas si souvent qu'on nous parle des maçonnes espagnoles
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