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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Sur le documentaire « Contre-pouvoirs » de Malek Bensmaïl

Sur le documentaire « Contre-pouvoirs » de Malek Bensmaïl

Malek Bensmaïl, réalisateur de nombreux films dont les trois plus récents : Ulysse, le brûleur de frontières et la mère blanche du milieu (2013), Guerres secrètes du FLN (2012) et La Chine est encore loin (2010), a choisi de planter ses caméras à Alger, dans les locaux du quotidien el Watan (« la nation »), au moment où le président Abdelaziz Bouteflika briguait un quatrième mandat en 2014. Contrepouvoirs écrit, tourné et réalisé par l’auteur se veut une réflexion sur le travail et la pensée journalistiques.

Le responsable du célèbre titre algérois de langue française, Omar Berhouchet, avait reçu dix années plus tôt, en 1994, la Plume d’or de la liberté par l’Association mondiale des journaux, après rien moins que deux tentatives d’assassinat, des centaines de menaces de mort, quatre procès et cinq suspensions de son journal. Cela décrit un contexte que l’on a du mal à imaginer dans notre espace démocratique, quelles que soient ses faiblesses. Il n’y eut pas moins de 120 journalistes tués en Algérie après l’assassinat du président Mohamed Boudiaf le 29 juin 1992. La guerre civile qui allait suivre devait faire plus de 200 000 morts et 100 000 disparus. El Watan, avec vingt années d’existence, n’est apprécié aujourd'hui ni du pouvoir, ni des islamistes. En 2014, au moment où le film était tourné, le mouvement Barakat (« Ça suffit ») reprenait le terme de ceux qui, à la fin de la guerre d’indépendance (1954-1962), s’inquiétaient déjà de voir les logiques de clan s’imposer et déchirer le pays.

On rappellera qu’un film précédent de Malek Bensmaïl, réalisé en 2005 : Le Grand jeu, a été interdit d’antenne, non seulement en Algérie, mais aussi en France. Il traitait de la fabrication d’un homme politique « d’opposition » dans une démocratie algérienne balbutiante en pleine campagne électorale. Le regard critique du réalisateur ne lui vaut donc pas que des amis, mais n’en est que plus précieux. Son dernier film nous montre à travers les conférences de rédaction du journal phare de la démocratie algérienne, les débats qui traversent le courant qui la met en mots et en images.

Comme le note Kamel Daoud, cité dans le dossier accompagnant Contre-pouvoirs : « En Algérie, le pouvoir est une hagiographie, les contre-pouvoirs sont la véritable histoire algérienne. Ils racontent l’histoire sans mensonges, parce que vécue ou perpétuée ».

Ce film a bénéficié du soutien de donateurs en financement participatif, le DVD, (97 mn, VO sous titrée français/anglais) est disponible chez Zeugma films.

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