Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac'
Cet ouvrage illustre la volonté des ordres de sagesse féminins du rite français ( l'équivalent des "hauts grades " de rite écossais formés exclusivement de membres de la Grande loge féminine de France) de maintenir haut et fort une bannière féministe ancrée sur le réel. On trouvera dans ce petit livre, au demeurant fort bien illustré, et non sans humour, plusieurs textes qui attestent de cette volonté. Le livre reprend des communications présentées quelques mois plus tôt à la fête du Rite français et commence par deux présentations des animatrices de la structure éditrice, Françoise Picard et Frédérique Ferrand. Geneviève Contat-Claverie plaide ensuite pour la spécificité de l’initiation (sic) féminine (« prends ta place ma S. ») et développe une argumentation existentielle sur la valeur du cadre maçonnique. Le texte d’Armelle Le Bras-Choppart dissèque la manière dont les femmes connaissent encore en France une certaine difficulté à s’imposer dans le domaine politique, avec « Femmes et politiques en démocratie, le cas français ». Vient ensuite un point de vue historique sur la place des femmes dans l’espace public portugais, de la dictature à la démocratie, par Maria Bello. Quant à Djemila Benhabib, elle pose dans sa contribution une question centrale et ô combien d'actualité: « La condition des femmes à l’épreuve de l’islam politique et du multiculturalisme ». Vient enfin l’article de Sophie Bessis sur « l’exemple tunisien », « Les femmes entre repli identitaire et aspiration à l’universel ».
Avec un tel ensemble à forte tonalité féministe et politique, le Grand chapitre féminin de France marque son territoire en creusant une problématique que définit Frédérique Ferrand : considérer la place des femmes comme indicateur du degré de démocratie d’une société. Si l’on peut certes proposer d’autres éléments-clef quant à ce qui fait signe de démocratie, la féminité structurelle de la Grande loge féminine de France dont sont issues ces maçonnes est pour elles un terrain de prédilection. Par ailleurs, le fait d’en appeler pour cette publication à des universitaires tranche avec l’anti-intellectualisme ambiant dans une bonne partie de la maçonnerie et offre une ouverture internationale qui est, disons-le, rarissime, eu égard à un certain nationalisme de la recherche, y compris celle qui concerne la maçonnerie.
On espère qu'il s'agit là du premier opus d'une collection qui tranchera par son contenu avec ce dont nous ne parlerons pas ici, per cartità, mais qui émane soit de républicains oublieux des disparités de leur universel, soit de spiritualistes qui assignent les femmes à leurs vapeurs.
Femmes et démocratie, 108 pages, 12 euros. Contact :gcgff2001@gmail.com