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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Je préfère faire de la politique plutôt qu’être obligé de travailler pour gagner ma vie/ 1er épisode/ 2017 = 1988 ?

Je préfère faire de la politique plutôt qu’être obligé de travailler pour gagner ma vie/ 1er épisode/ 2017 = 1988 ?

Julien Vercel

Nous serions donc sur le point d’entrer dans l’histoire, à cet instant précis où tout va basculer quand il va y avoir un « avant » et un « après »... mais qu’il faut quand même attendre un peu, notamment le résultat de l'élection primaire des Républicains (de droite). Après un quinquennat, François Hollande diffère donc encore l’annonce de sa candidature comme, après un septennat, François Mitterrand avait attendu le plus tard possible, en mars 1988 alors que le premier tour des élections présidentielles avaient lieu seulement un mois plus tard.

Mais pour ne pas désespérer les (maigres) troupes de ses fidèles et ne pas se faire complètement oublier des autres, François Hollande doit jalonner sa très probable entrée dans la course électorale par des « cartes postales », comme Nicolas Sarkozy le fit avant de redescendre dans l’arène politique. Ce 8 septembre, il a donc prononcé, salle Wagram à Paris, un discours lors d’un colloque sur « la démocratie face au terrorisme ». Et Libération y voit aussitôt une « carte postale » en titrant : « Pépère se réveille ».

On peut, certes, ne voir que le côté négatif et péjoratif de l’appellation « pépère ». Après tout, dans un post de son blog, le 16 avril 2009, Jean-Christophe Cambadélis dénonçait la déclaration de François Hollande qui laissait penser que les socialistes pouvaient s’allier avec les centristes de François Bayrou aux élections européennes et concluait : « Sacré François Hollande ! Pervers pépère est de retour ». Il faut rappeler que Pervers pépère est un personnage de vieux lubrique créé par Gotlib dans Fluide Glacial (l’album est paru chez Audie en 1981). Drôle, mais souvent lourd et pas franchement sympathique.

Je préfère faire de la politique plutôt qu’être obligé de travailler pour gagner ma vie/ 1er épisode/ 2017 = 1988 ?

On peut aussi être plus neutre et se dire qu’on ne sait pas le destin, péjoratif ou affectueux, qu’aura finalement ce « pépère ». Olivier Talon et Gilles Vervisch (Le Dico des mots qui n’existent pas et qu’on utilise quand même, L’Express-Bibliomnibus, 2014) avaient repéré le verbe « se pépériser », masculin de « se mémériser » et qui signifiait « adopter une attitude de vieux » et, plus spécifiquement utilisé pour qualifier un couple qui « tombe dans la routine et se fait bouffer par le quotidien, renonçant plus ou moins à l’érotisme et à la passion ». Si l’on revient à François Hollande, il faut reconnaître qu’il en est bien là avec les Français.

Enfin, on peut aussi faire le pari (optimiste pour les Hollandais) que le « pépère » de 2017 sera le « Tonton » de 1988. Avant de déclarer sa candidature, François Mitterrand s’était vu qualifier de « Tonton », l’oncle sympathique et protecteur (le côté « tonton flingueur » sera popularisé plus tard), celui qui est le garant de la pérennité des acquis sociaux comme François Hollande se pose en garant de l’état de droit. Alors Globe avait titré en une : « Tonton et nous » (avril 1987) et « Ne nous quitte pas » (décembre 1987) et Renaud s’était fendu d’une tribune : « Tonton, laisse pas béton » (Le Matin de Paris, 7 décembre 1987). Et Libération ? Le 21 janvier 1988, le quotidien avait pris une distance ironique avec la « Tontonmania »... tout en accompagnant le mouvement. Peut-être espère-t-il refaire le coup avec « pépère » en 2017 ?

François Hollande lui-même confirme le « copier-coller » entre 1988 et 2017 dans l’entretien qu’il vient d’accorder au Débat (n°191, septembre-octobre 2016). En effet il lui est demandé de définir sa France et le pas-encore candidat répond : « La France que je porte est la France fraternelle. La liberté, l’égalité, chacun en connaît le sens. La fraternité est une invention que l’on redécouvre sans cesse. La fraternité ce n’est pas la générosité, ce n’est pas la solidarité, c’est ne sentiment d’être ensemble, frères de destin. C’est ce qu’il y a de plus fort dans la République ». Comme un écho de « la France unie » de François Mitterrand en 1988 : « Je m'inquiète parfois des montées de l'intolérance. Nous avons besoin de nous rassembler, mes chers compatriotes. Pour cela, je vous propose une politique pour la France » (Lettre à tous les Français, avril 1988). Quand, hier, François Mitterrand dénonçait « les clans, les bandes, les factions qui menacent la paix civile » (France 2, 22 mars 1988), François Hollande, aujourd’hui, se pose en rassembleur contre ceux qui veulent dresser les Français les uns contre les autres. La différence -et elle est de taille- est que François Mitterrand, dans un contexte de cohabitation avec la droite, pouvait compter sur l’union de la gauche alors que François Hollande, dans un contexte de menace terroriste, fait le pari de l’union sacrée.

Alors : 2017 = 1988 ? L’histoire va-t-elle se répéter ? Pourquoi pas ? Il ne faut cependant pas oublier cette réflexion de Karl Marx : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce » (Le 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte, 1852). À ce titre et puisque François Hollande a choisi une salle au nom d’une victoire militaire pour lancer son offensive, rappelons que Napoléon faillit perdre la bataille de Wagram en 1809 à cause de « tirs malencontreux entre alliés ». Mais François Hollande et sa majorité sont tellement rompus à ce genre de tirs depuis 2012...

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F
Bien vu, cher Marx brother, moi Président, je m'inquiéterais...
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