Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Garib
Pour beaucoup d’entre nous, le football relève d'un jeu attractif, subtil et passionnant. En conséquence, il serait bien hasardeux de considérer les adeptes de ce sport comme des individus «décérébrés ». Par exemple, Jean-Claude Michéa, le philosophe, est un ardent défenseur du football. Comme quoi, intellectuels et footeux peuvent se côtoyer.
Il ne s’agit pas de critiquer ce sport, mais de se demander pourquoi le monde entier rentre en transe, s’enthousiasme de manière quasiment hystérique dès lors qu’il y a des grandes compétitions. Qu’est-ce qui peut bien pousser des masses d’individus à se scotcher religieusement devant leurs écrans de télévisions pour regarder ces compétitions sportives ? D’énormes foules d’individus adoptent des comportements frénétiques comme si l’issue d’un match devenait, pour chacun une question primordiale, essentielle, vitale. Une défaite ou une victoire peut ainsi humilier ou valoriser un chef d’État et/ou une Nation.
L’issue d’un match ou d’une compétition peut même focaliser toute l’attention d’une nation. C’est ainsi qu’en France, les jeux olympiques ont succédé à de nombreuses manifestations nationales contre le projet de loi travail, des manifestations qui, dans tout le pays, ont mobilisé des millions de personnes. Malgré cela, pendant les jeux, la population a pratiquement occulté l’adoption de cette loi qui, pourtant, marquait la suppression historique de plus de 70 années de conquêtes sociales. Inutile de préciser que les implications de cette loi concernaient pourtant quasiment tout le monde.
Comment s’expliquer aussi que des joueurs de football professionnels soient autant adulés par les foules, sans que celles-ci ne s’offusquent par ailleurs des sommes fabuleuses et indécentes qu’ils gagnent ? Ni des sommes astronomiques relatives aux transferts des joueurs. Ni non plus, ne les condamnent, ou si peu, pour leur dopage avéré.
Les médias nous présentent le football comme une fête citoyenne, populaire, fraternelle et fédératrice, qualifiant même d’« heureuse » la période des « Black, Blancs, Beurs » lorsque l’équipe de France a gagné la coupe du Monde en 1998. Mais cette fête du football sert surtout à dissimuler et à faire oublier la réalité effective de la misère sociale. Cette « fête » est surtout un outil du pouvoir pour dissimuler la violence sociale du libéralisme économique et financier qui trouve, dans le monde du football, un allié efficace.
Nous avons tendance à ne pas prendre conscience du fait que le football et les sports professionnels plus généralement sont devenus un sous-système de l’ordre néolibéral. Un sous-système qui, avec l’aide de supporters crédules ou naïfs, brasse des milliards d’euros avec des retombées commerciales de tous ordres, qu'il s'agisse de constructions d’infrastructures, de droits de retransmissions, ou de ventes d’espaces publicitaires…
Ce sous- système gigantesque fonctionne sous l’égide d’une institution de type mafieux. Le pouvoir politique n’est pas en reste puisqu’il instrumentalise et orchestre cette mise en condition massive. L’unanimisme tapageur de l’Empire-football vise en effet à susciter la « solidarité nationale », un genre d’« union sacrée » autour des « Bleus ». Cependant, cette mobilisation des esprits ne peut se faire qu’avec notre complaisance, notre complicité et notre consentement, bref , qu’avec ce que La Boétie, appelait la « servitude volontaire ». Au XVIe siècle, l’auteur du Discours de la servitude volontaire ou Contr’un (1549) expliquaient que le premier stratagème pour installer la servitude et endormir les citoyens était le théâtre ou les jeux. Aujourd’hui, c’est le football.