Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Le premier volume de cette anthologie réalisée aux éditions L’Œil du sphinx par Joseph Altairac passionnera tous ceux qui s’intéressent aux tentatives de réenchantement du monde, dans ce cas au caractère idéologique passablement douteux, avec ce que proposèrent Jacques Bergier et Louis Pauwels en 1960 avec Le Matin des magiciens, puis avec la revue Planète (1961-1971). Dans un format carré de 17 X 17 cm reprenant celui de la célèbre revue qui promut le concept de « réalisme fantastique », Joseph Altairac présente, avec un très bon choix d'illustrations, une longue série d’écrits que Berger, qui commença à publier en 1938 ( il avait 26 ans) produisit entre 1953 et 1960. Ce fut essentiellement sous la forme de critiques de livres, de chroniques et d'essais qui lui permirent de faire découvrir à ses lecteurs plusieurs auteurs étrangers, dont Lovecraft et Tolkien.
On traverse pour l’occasion tout un paysage éditorial, à commencer par des revues spécialisées qui se trouvent aujourd’hui prisées des collectionneurs comme Fiction (1953-1990), La Tour Saint Jacques (1955-1958) et les Cahiers de la Tour Saint Jacques (1960), Ailleurs (1957-1967), Satellite (1958-1963), axées sur la science-fiction et, plus largement, sur l’imaginaire. Très productif, Berger collabora également à partir de 1950 à la Bibliothèque Mondiale, grande productrice de « littérature différente », une collection pour laquelle il rédigea de nombreuses préfaces. La plupart des articles choisis par Joseph Altairac, une grosse centaine, n’avaient jamais été réédités. Un deuxième tome de sélection d'articles est annoncé, voire un troisième.
Outre la préface d’André Ruellan qui vient hélas de disparaître, à propos du « scribe des miracles » et l’introduction de Joseph Altairac qui réussit à retracer en présentant l’ouvrage ce que fut l’atmosphère d’une époque, ce copieux volume (392 pages pour 25 euros) comprend plusieurs études très fouillées. Jean-Luc Buard reprend l’une de ses premières productions (publiée dans un fanzine, Études loverkraftiennes, en 1990), pour interroger les liens entre Berger et Lovecraft, autour d’une mythique correspondance illustrant le rapport parfois étrange de Berger avec la vérité. Joseph Altairac offre des notes sur Lovecraft qu’il considère comme « un catalyseur de l’imaginaire ». Tout cela montre à quel point le succès populaire du Matin des magiciens et de Planète aura été préparé par un long travail d’érudition, de recension et de construction d’une idéologie.
On trouvera également dans ce précieux recueil plusieurs articles portant sur la réception du Matin des Magiciens, la critique de deux essais de Bergier par Gérard Klein et les échos d’une polémique intervenue dans Fiction en 1955 à propos d'un ouvrage de la même mouvance, signé Denis Saura et intitulé, « La religion des géants ».
Un autre volume consacré à une anthologie des articles de Planète a également été publiée par les éditions de L’Œil du Sphinx. Nous ne manquerons pas d'en rendre compte sous peu, de même que d'autres publications de l'Oeil du sphinx.