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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Préhistoire et histoire maçonniques : les textes fondamentaux revisités

Rédac'

Le troisième numéro hors-série de Franc-maçonnerie magazine est consacré à un certain nombre de textes dits « fondateurs », un thème classique qui revient régulièrement (voir notamment le numéro spécial de l’hebdomadaire Le Point sur ce thème en 2009 et, surtout le livre de Philippe Langlet, Les Textes fondateurs de la franc-maçonnerie, Dervy, 2006, sans oublier le grand classique de David Stevenson, Les origines, de la franc-maçonnerie, le siècle écossais, 1590-1710, Télètes, 2000). Il ne s’agit pas  pour autant d’un marronnier, car la question est essentielle, surtout quand elle est traitée, comme ici, sérieusement.

Après un éditorial de Jean-Marc Vésinet intitulé "Archéologie ou tradition vivante", Roger Dachez présente trois de ces documents regroupés sous le titre « Les anciens devoirs » : le poème Régius, écrit vers 1390, le Manuscrit dit Grand loge n°1 (1583) et les statuts Shaw (1598), ces deux derniers écrits commençant à articuler l’art des métiers avec l’organisation en loges. Ces « anciens devoirs » tiendront une place importante dans les références de la première maçonnerie, du fait de leur caractère opératif, mais aussi de  leur ton spéculatif.

Jean-Michel Mathonière traite ensuite des statuts de Ratisbonne, instituant  en 1459 une première organisation du compagnonnage et, plus particulièrement, des tailleurs de pierre et maçons, en pays rhénan. Cela fut écrit dans une optique très chrétienne autant que fraternelle, articulant les droits et les devoirs et installant une continuité historique. La protection royale fut accordée à la Bauhutte et les statuts, révisés en 1563, furent imprimés.

Alain Bernheim parcourt à sa manière brouillonne les grades et légendes du XVIIIe siècle qui ont structuré l’imaginaire maçonnique, insistant sur le référent templier, amené par quelques aventuriers et qui fit florès en Europe. Inlays rappelle que l’efflorescence des hauts grades a alimenté les références des suprêmes conseils et autres grands prieurés et, plus largement, l’ensemble des systèmes maçonniques hiérarchisés.

Cécile Révauger revient sur les célèbres constitutions d’Anderson de 1723, dont l’introduction en France fut assez tardive. Elle montre que leur caractère émancipateur inspiré des Lumières n’aura pas empêché nombre d'obédiences maçonniques s’en réclamant de pratiquer l’exclusion, notamment vis à vis des Noirs. Quant aux divers exclus d’Anderson, les femmes notamment, ils se seront affranchis eux-mêmes.

Irène Mainguy rappelle que le manuscrit Graham (1726) peut être considéré comme l’ancêtre du grade de maître. Il est d’origine anglaise, ancré sur des références bibliques et il installe deux trinités : le père, le fils et le saint esprit ; le soleil, la lune et le maître maçon, en même temps qu’il propose une collection d’outils : l’équerre, la règle, le fil à plomb, le niveau, le maillet et le ciseau.

Pierre Mollier traite du discours de Ramsay, écrit en 1736 et considéré comme le vrai texte fondateur d’une franc-maçonnerie française alors constituée essentiellement de Britanniques. Les trois versions connues de ce célèbre discours constituent « un véritable programme intellectuel et spirituel pour les loges » et installent dans la maçonnerie un référent chevaleresque qui fera florès.

François Labbé présente la lettre d’un franc-maçon, Philippe Uriot (1713-1788), comédien, écrite en 1742 alors que l’auteur n’était pas encore maître. Il semble que les nombreuses rééditions du Secret des francs-maçons mis en évidence, marquant une forte séduction pour cette nouvelle forme de sociabilité, aient été pour beaucoup dans le succès de la franc-maçonnerie allemande.

On trouvera également dans ce numéro une interview de Philippe Guglielmi sur le renouveau et l’essor du Rite français ; le testament philosophique et un discours de Maria Deraismes présentés par Andrée Prat ; les impressions d’initiation d’Amélie Gedalge dans la première loge du Droit humain (présentation par Irène Mainguy) et un article de Ludovic Marcos sur l’introduction par Arthur Groussier de la chaîne d’union dans les rituels maçonniques en 1938. Groussier fut l’auteur du texte qui fonctionne aujourd’hui un peu partout, en fin de tenue, à quelques mots près.

Philippe Langlet, interrogé par Leslie Baumann, revient ensuite sur ses recherches en matière de textes fondateurs dont il vient de faire un livre et sur la place qu’ont pris ces écrits, non pas directement dans l’histoire de la franc-maçonnerie, mais dans la construction de ses imaginaires.

In fine,Monique Castillo disserte sur la notion de transmission, plaidant pour que les valeurs passent de génération en génération, en s’enrichissant davantage qu’en se fossilisant, complétant par le langage la transmission génétique, surmontant ainsi la mort des individus.

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V
Ce numéro est plus intéressant que les précédents...
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