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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Le Président et les deux tours (1/2)

Julien Vercel

Pour être élu au second tour, le 7 mai 2017, le futur président de la République doit réunir sur son nom une majorité d’électeurs. Mais, d’abord, il doit remporter le premier tour, le 23 avril 2017 en s’appuyant sur les voix de son camp rassemblé. C’est pourquoi François Fillon et Benoît Hamon essaient de rassembler préalablement leur camp.

Ils suivent ainsi le parcours classique de tout candidat : leur campagne du premier tour consiste à être de droite pour l’un, de gauche pour l’autre. Et, à ce jeu, ils se montrent à la hauteur de leur caricature : François Fillon n’en finit pas d’incarner le libéralisme économique et la politique comme promesse de punition sur fond de catholicisme traditionnel quand Benoît Hamon n’en finit pas d’incarner le libéralisme culturel et la politique comme promesse d’open bar permanent, sur fond de laïcité « accommodée ».

François Fillon a même encore été obligé de se droitiser puisqu’il a dû concéder à Nicolas Sarkozy quelques mesures emblématiques telles que la majorité pénale à 16 ans en échange d’un soutien dans l’affaire des emplois fictifs de sa famille. Le refus de Jean-Luc Mélenchon « d’aller [s]’accrocher à un corbillard » (BFM, 19 février 2017) a encore obligé Benoît Hamon à se gauchiser via un arrangement avec les écologistes pour rester en tête des intentions de vote.

Pour ces deux-là, l’ouverture au centre viendra en son temps, pour la campagne du second tour. En attendant, il n’est pas question, pour eux, d’ouvrir le dialogue au-delà de leur camp, ni de mettre en avant des questions consensuelles.

Ce parcours classique a t-il une chance d’être payant ? Pour cela, il faudrait surmonter de grands obstacles.

D’abord parce que la stratégie de « droitisation » que Nicolas Sarkozy vend à François Fillon et qu’il a déjà mise en œuvre en 2011-2012, n’a pas été couronnée de succès. Il faudrait analyser finement cet échec en identifiant ce qui relève du fond (la course à l’extrême-droite rejetée par les centristes de droite) de ce qui relève de la forme (le style de Nicolas Sarkozy rejeté par la droite traditionnelle).

De son côté, la stratégie de « gauchisation » amène Benoît Hamon à se retrouver dans la situation de la vieille Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) hantée par l’idée de se faire déborder par le Parti communiste français (PCF) mais qui, une fois au pouvoir, oubliait les promesses des « lendemains qui chantent ».

Ensuite parce que la campagne est particulièrement courte, à peine deux mois avant le premier tour et les candidats en sont encore à peiner pour rassembler leur camp alors même que le système des élections primaires devait précisément leur garantir une union indéfectible ! Beaucoup d’électeurs réservent leur choix, car ils sont prêts à tempérer leur appartenance partisane par l’appréciation de la réalité de la menace de Marine Le Pen. En outre, François Fillon reste sous la menace de dissidences internes suite aux affaires qui le frappent et Benoît Hamon ne sait pas quoi faire du bilan du quinquennat de François Hollande qui divise la gauche !

De toute façon, à peine nos deux « héros des primaires » seront-ils parvenus à rassembler leur camp -s’ils y arrivent-qu’ils devront aussitôt changer de stratégie pour élargir leur électorat en vue du second tour… révélant encore un peu plus l’artificialité et la fragilité de leur posture ! C’est sans doute pour cela qu’Emmanuel Macron a refusé de s’engager dans un tel parcours classique…

À suivre

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D
Et si la vraie question était celle du troisième tour, à savoir les législatives?
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U
Au train où vont les choses il faudrait introduire la notion de catastrophe comme nouveau paramètre ...
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