Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
On a failli s’impatienter. Quinzinzinzili, n° 35, millésimé août 2017, est enfin dans nos mains. Le 36e ne devrait pas tarder. Comme la revue n’est pas au 36e dessous, on devrait avoir droit au Front populaire. Nos lecteurs connaissent bien cette revue-magazine amie qui assure l’héritage de Régis Messac (1893-1945), pionnier de l’étude des origines du roman policier avec son célèbre Detective Novel de 1929 et qui est dirigée par son petit-fils Olivier, puisque nous ne manquons aucune sortie. Ce dernier opus est bien dans le style habituel, une sorte de simplicité militante, une ambiance de fidélité, une écriture exigeante.
En apéritif une rubrique d’actualité « Échos et ruades » permet, après l’indispensable courrier des lecteurs, d’inscrire la revue dans son cadre social : expositions, salons, conférences, notes de lecture, amitiés et marquer son rayonnement, dont Olivier Messac note avec plaisir dans son éditorial qu’il s’élargit et s’internationalise. Puis vient le rapport à l’œuvre messacquienne avec la question de la réception du roman Quinzinzinzili au XXIe siècle, sa nouvelle édition aux éditions de la Table ronde l’inscrivant dans un comparatisme avec d’autres textes, notamment Bartleby le scribe de Merville (« I would prefer not to »), mais aussi les premiers textes à s’être inscrits dans un univers de science-fiction (SF).
Suit un rappel d’un autre roman de Régis Messac, La Cité des asphyxiés (1938, éditions Ex Nihilo, 2010), lui aussi réédité, son étude proposée par René Gérin étant précédée par un rappel de la situation écologique actuelle peu enviable des Pékinois, par Little Marcel Martin. Étienne d’Issensac ouvre le dossier SF en présentant une trouvaille « Paris en 5839 », texte probablement écrit par Félix Bodin dans Le Constitutionnel en décembre 1822 et que le très précieux savanturier Jean-Luc Buard a déniché, puis édité en plaquette en 2016, en étudiant le procès qui lui fut fait et le contexte délicat d’une liberté d’expression corsetée à laquelle certains essayaient d’échapper, ici sans succès, par la fiction. Jean-Guillaume Lanuque poursuit en traitant d’un roman de Garrett P. Serviss, Edison à la conquête de Mars, publié en feuilleton en 1898 et réédité en 2016 en français chez Encrage (Bibliothèque du Rocambole) qui, selon lui, contrairement à la Guerre des mondes de Wells, « rassemble tous les poncifs de l’idéologie nationaliste américaine, qu’elle soit culturelle, politique, stratégique, spirituelle ».
Dans une rubrique « Espérance », Olivier Messac chronique un essai de René Vérard consacré à Jaurès notre horizon, avant de tracer le portrait de ce disciple de Jaurès, journaliste, poète et historien (1930-2014) et qui fut biographe de Jean Pierre-Bloch. Suit une critique de Régis Messac parue dans Les Primaires en septembre 1933 à propos d’un roman de Jean Lépine consacré à la Grande Guerre : Hommes 40, chevaux (en long) 8. Enfin, avant le mot croisé de Milvane, sans lequel Quinzinzinzili manquerait à sa tradition, Guibert Lejeune nous parle de la littérature prolétarienne, branche particulière, car militante de la littérature populaire « cette fleur qui pousse dans la boue », à propos d’un roman de Georges Navel (1904-1993), Travaux, écrit en 1945 et réédité en Folio par Gallimard. Quinzinzinzili, qui se trouve désormais au centre d’une activité éditoriale dont font partie les éditions L’ Arbre vengeur et Ex nihilo est vendu 7€, l’abonnement annuel étant à 24€. Pour tout renseignement, consulter www.regis-messac.fr et amis@regis-messac.fr.