Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Une question pour commencer, au cas toujours possible où cela nous aurait échappé, a-t-on vu passer quelque expression maçonnique, communiqué d’obédience ou autre, sur ce qui se déroule depuis des semaines à la Ghouta ? La Ghouta signifie oasis en arabe et on y trouve des terres cultivées entourées de désert, pas très loin de Damas.
Passons sur celles et ceux qui, à la limite du complotisme, défendent envers et contre tout le potentat syrien au nom de leur anti-américanisme et d’une défense de facto de l’alliance russo-iranienne, effaçant sans sourciller ce qu’ils estiment relever de dégâts collatéraux, ceux qui , dotés d'une Real Politik avec des yeux sélectifs, estiment que les exactions ne sont jamais prouvées. Il suffit pourtant de lire la presse pour savoir que, entre autres innommables exactions, des viols dits "de guerre", sont commis massivement contre les femmes des rebelles au régime.
Rappelons qu’est déjà connue sous l’expression « le massacre de la Ghouta » une première occurrence. Il s'est agi d'un bombardement au gaz sarin des populations locales le 21 août 2013, près de deux ans après le début de la guerre civile syrienne, cette oasis étant tenue par l’armée syrienne libre. Certains ont accusé d’autres forces que celles de Damas d’être à l’origine de cette action.
Plusieurs autres bombardements chimiques ont suivi, dont un est attesté et non contesté, en avril 2017, contre les habitants de Khan Cheikhoun, ville syrienne qui était également tenue par l’armée libre syrienne.
Il y a quelques jours, avec l’appui des forces russes, les troupes de Bachar el-Assad ont réussi une percée majeure qui laisse craindre la chute prochaine de cette enclave où vivent encore environ 400 000 personnes qui ont subi à plusieurs reprises dans ces derniers temps des attaques chimiques. Il y déjà eu près de 2000 morts et l’on a pu constater que les convois alimentaires étaient dans l’impossibilité de pénétrer dans les lieux. Nous n'oublierons pas, évidemment les Kurdes qui vont se faire massacrer dans le même temps par le régime d'Erdogan.
Pour expliquer la gène qui semble atteindre bon nombre de nos concitoyens face à ces meurtres de masse, il faut se rappeler l’affaire de Srebrenica et les 8 000 morts, hommes, femmes, enfants tués par les forces serbes dans cette petite ville de Bosnie. Souvenirs de la dernière guerre, inscription dans des alliances plus ou moins formulées, on essayait déjà d’expliquer les timidités,
Mais une fois de plus, aujourd'hui, avec la Syrie, le silence est assourdissant. La liste est longue des massacres dont on ne dit rien dans une indignation fort sélective. Citons simplement les très récents massacres de Sinjar en Irak en août 2014, perpétrés par « l’État islamique » contre les Yézidis : hommes massacrés, femmes et enfants convertis de force à l’islam, esclavage sexuel, enfants soldats, etc.
Faut-il donc attendre le fameux travail de mémoire pour rendre hommage un jour lointain à celles et ceux que l’on a laissé massacrer ?