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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

La Fesse cachée des templiers-zombies

Marc Gauchée

 

En 1985, Jesús Franco réalise Le Manoir des morts-vivants (La Mansión de los muertos vivientes) qui peut être vu comme un hommage à la tétralogie d’Amando de Ossorio sur les templiers-zombies : La Révolte des morts-vivants (La Noche del terror ciego, 1971) ; Le Retour des morts-vivants (El Ataque de los muertos sin ojos, 1973) ; Le Monde des morts-vivants (El Buque maldito, 1974) et La Chevauchée des morts-vivants (La Noche de los gaviotas, 1975). Cette tétralogie est « l’un des rares mythes du fantastique de terreur ibérique » (Emmanuel Le Vagueresse, « Les Films de Templiers-zombies d’Amando de Ossorio comme métaphore/critique de la société espagnole de la fin du franquisme ? », Savoirs en prismes, n°1, 2012).

 

Comme le fait avec originalité Amando de Ossorio, Jesús Franco convoque les templiers issus du moyen-âge et donc ancrés dans l’histoire européenne et chrétienne et non surgis d’univers purement fantastiques. Lors des croisades, les Templiers étaient chargés d’escorter les pèlerins, mais l’ordre fut condamné pour hérésie et le pape Clément V le dissout en 1312, ce qui les rend disponibles à une malédiction zombiesque. Mais l’hommage de 1985 s’arrête là.

 

En effet, prendre les templiers pour les méchants du film avait un caractère subversif dans les années 1970, sous le régime de Franco (Francisco), mais cela l’est moins dans les années 1980 sous la caméra de l’autre Franco (Jesús). Ainsi, jusqu’en 1975, les templiers sacrifient des femmes sans véritable appétit sexuel, juste par puritanisme fanatique et Amando de Ossorio est le digne représentant du genre ibérique « fantaterror » qui regroupa près de 80 films entre 1971 et 1973 (Emmanuel Le Vagueresse, op. cit.) ! Mais Le Manoir des morts-vivants  de Jesús Franco, est un « nudie », ce genre de films où le spectacle des corps cherche à cacher les violences faites aux femmes : les seins sont donc découverts, les fessiers bien cadrés, les tenues improbables mêlant maillots minimalistes et chaussures à talons, les scènes lesbiennes sont les passages obligés comme les zooms jess-franconiens sur les pubis. Bref, alors qu’ils s’avèrent être des violeurs, les templiers-zombies des années 1980, à l’heure du « destape » (« déshabillage ») post-franquiste, ne font pas peur de la même façon.

La Fesse cachée des templiers-zombies

D'ailleurs, lorsque la belle Candy (Lina Romay) en embrasse un, le libérant de sa malédiction et lui arrachant la couche de latex qui maquillait grossièrement son visage (le film est fauché), il ne se transforme pas en beau prince charmant, il s’évanouit et il ne reste au sol que son vêtement vide.

À part le vieux chevalier gardien du Graal dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade de Steven Spielberg, 1989), il faut attendre les années 2000 avec le revival des « vérités cachées » dans le sillage du succès du Da Vinci Code de Dan Brown (Jean-Claude Lattès, 2004) pour revoir les templiers envahir les écrans avec, pour la seule année 2011 : Le Dernier des Templiers (Season of the Witch) de Dominic Sena ; Le Sang des Templiers (Ironclad) de Jonathan English et Prince Killian et le trésor des Templiers (El Capitán Trueno y el Santo Grial) d’Antonio Hernández.

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