Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Arsène
« Nous vivons malheureusement un retour du religieux, pas du spirituel ». Qui donc a pu prononcer une telle phrase ? Un religieux Dominicain et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de Laurent Lemoine, éditeur, théologien, psychanalyste, dans Libération, les 26 et 27 mai 2018. Laissons de côté la question de la reconnaissance de l’invention du docteur Freud par l’Église apostolique et romaine, déjà bien amorcée en son temps par Jacques Lacan et illustrée très récemment par une conversation du Pape François avec le sociologue Dominique Wolton (éditions de l’Observatoire). Laurent Lemoine vient de publier aux éditions Salvator, Quoi de neuf docteur ? La psychanalyse au fil du religieux.
En tout état de cause (freudienne), le fait qu’un des derniers des Mohicans, parfaitement conscient de la déshérence de sa famille de pensée, quelle que soit la qualité intellectuelle de ses membres survivants, la sienne au premier chef, en vienne à rejoindre la grande mouvance spiritualiste est éclairant. À la question : « Le religieux a-t-il étouffé le spirituel ? », Laurent Lemoine répond : « Je ne dirais pas étouffé, mais le religieux, oui, domine le spirituel. Le spirituel accepte une part d’inorganisation, peut se jouer des frontières, ce qui est souvent insupportable au religieux, par nature exclusif et non pas inclusif. En ce sens, le Pape François me paraît davantage spirituel que religieux ».
Jésuites (le Pape actuel en tête) et Dominicains seraient donc en voie de nous proposer en douceur une rupture épistémologique, rien de moins, sur le mode d’une conversion en demi teinte. Sortir explicitement de la religion, glisser au passage, mais non sans difficulté sociale, du confessionnal au divan, prendre acte que la messa e bene finita… Une telle position s’intègre aisément, et c’est bien pour cela qu’il faut la prendre au sérieux, dans un double mouvement d’individualisation des croyances et de disparition, cette fois-ci définitive, des fameux « grands discours » chers aux post-modernes, au profit d’un « quelque chosisme » a géométrie variable.
Pour celles et ceux qui voudraient avoir quelque idée de cette notion émergente, probablement née en Hollande avec un « pasteur athée », il s’agit d’une formule ironique désignant l’idée selon laquelle le recul des religions traditionnelles n’empêche pas la croyance d’ordre religieux en « quelque chose » qui ferait tenir l’Univers (dixit en substance le philosophe Emmanuel Taieb). Référence peut être faite à des bouts de traditions ou à des fictions comme Star Wars.
Autre manière de voir les choses, pour les initiés, comme on dit, concernant nos Dominicains : passage de la sainte Église apostolique et romaine au Rite écossais ancien et accepté, sans mixité, dans la mesure où la fusion des structures dominicaines masculines et féminines ne nous a pas encore été annoncée par la presse. Sujet que nous proposerons à l’étude de leur future loge : l’ésotérisme cathare.