Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Georges Bormand
Racontée avec un œil moderne, en prêtant à l'héroïne des réflexions de femme du vingtième siècle, Et j'abattrai l'arrogance des tyrans (Forges de Vulcain, 2018) est l'histoire des révoltes paysannes en 1381 en Angleterre, menées par le prêtre catholique John Ball et l'ancien soldat Wat Tyler, qu'avait évoqué dans un court roman, Un Rêve de John Ball, William Morris (Forges de Vulcain, 2013), roman dont celui-ci est un reflet plusieurs décennies plus tard.
Il y a aussi un narrateur moderne qui explique au lecteur comment réagissaient les gens du quatorzième siècle, un peu comme le faisait T. E. White dans son Once and Future King à propos de l'Angleterre d'Arthur. Mais très vite la parole est donnée à Johanna, femme d'un bourgeois rallié à la révolte, qui jette sur celle-ci un regard de femme et de femme moderne et féministe.
Parce que, en plus du rappel de cette révolte restée légendaire en Angleterre et de toute l'histoire des luttes sociales (comme presque toujours associée à la révolte contre l'impôt ou plutôt contre sa perception pour l'enrichissement de quelques-uns), le roman, par la voix de Johanna, rappelle comment, moins à l'époque en réalité, que de nos jours, les femmes ont été traitées comme des inférieurs. Là, en fait, je me demande si une femme de l'époque aurait eu le motif de telles pensées. Mais c'est aux lecteurs (des deux sexes) de maintenant que s'adresse le livre et la domination masculine est une réalité depuis plusieurs siècles, même si elle n'était qu'en germe, dans une certaine façon de lire la Bible et, pire, les Évangiles qui s'est précisée depuis.
Alors cette Johanna moderne au milieu des révoltés du quatorzième siècle nous parle à nous. Et ce qu'elle nous dit est important, plus pour nous que pour elle.
