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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Démographie et immigration

Jean-Pierre Bacot
 

Tiens, un petit coup de positivisme, propre à faire bondir démographes et sociologues patentés : établir un lien direct entre le taux de fécondité d’un pays et sa politique en matière d’immigration. La-quasi totalité des contrées développées se situent en deçà du seuil de reproduction des générations, soit, arithmétique simplissime :à moins de deux enfants par femme. C’est dire que, sans apport extérieur, ces nations vieillissent et leur population âgée a de moins en moins d’espoir de voir correctement financés retraites et frais médicaux.

 

En 2016, la fécondité française était encore exceptionnellement haute pour un pays développé : le taux de fécondité qui est le nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer était alors de 1,96. Mais le taux allemand plafonnait au même moment à 1,50. Il se situait à 1,80 aux États-Unis, au même niveau qu’au Royaume uni, et à 1,40 au Canada. Pour le Sud de l’Europe, jadis fécond, on notait 1,35 pour l’Italie ; 1,33 pour l’Espagne ; 1,31 pour le Portugal. Quant au Japon, pour en terminer avec cette énumération, il était à 1,44. La tendance n’étant pas à une reprise des naissances (même la France serait à 1,88 pour 2018), il resterait à savoir si les femmes de droite ou d’extrême droite qui ne souhaitent pas qu’on ouvre les frontières font davantage d’enfants que les autres.

 

Les statistiques Eurostat produites par l’Union européenne notaient déjà en 2014 que la population  de l'Union européenne, si elle devait conserver son actuelle configuration et donc en l’absence d’immigration, diminuerait de 108 millions d'habitants à l’horizon 2080 passant de 507 millions à 399 millions d’habitants. En revanche, avec un apport de 121 millions d’entrants sur la même période, elle augmenterait de 13 millions.

 

Grâce à sa natalité, la France verrait sa population croître de 19%, pour friser les 79 millions en 2080. Concernant l’Allemagne, l’immigration sera décisive à sa survie. En effet, dans le même délai, elle perdra 20% de population. Mais les vagues d’immigration lui éviteront un déclin encore plus massif. Sans elles, estime toujours Eurostat, l'Allemagne ne compterait plus que 50 millions d'habitants en 2080, soit 30 millions de moins qu’aujourd’hui.

 

Dès lors, afin d’éviter toute forme de déclinisme démographique ou économique, en dehors de toute considération humanitaire, il va falloir accueillir des immigrés, et plus largement pour certains pays que d’autres. Chacun sait, en effet, que si la France a tenu jusqu’ici en termes de population, c’est d’avoir profité d’un taux de fécondité élevé... avec la participation des strates d’immigration. On comprendra aussi que Frau Angela Merkel, bien que réputée assez peu progressiste sur d’autres plans, ne prononce jamais de discours anti immigrationniste.

 

Pour autant, l’affaire n’est pas simple, car certains pays de la périphérie du monde développé, comme la Syrie (dont le taux de fécondité est de 2,2), mais aussi la Tunisie (7 enfants par femme en 1960 mais 2,0 en 2016), sont en passe de se vider  d’une partie de leur population et celle de la Roumanie (1,58) baisse chaque année. Le « Tout-monde » cher à Édouard Glissant continue donc à se construire non sans difficulté, mais imperturbablement. Tout se passe comme si les discours intolérants, les volontés de fermeture, les relents de racisme, n’avaient aucune efficience à attendre dans le demi-siècle qui vient, et même au-delà. Gaudeamus igitur.

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