Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Arsène
Le 5 novembre dernier, des immeubles se sont écroulés aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne à Marseille, dans le quartier de Noailles, très près de la mer, dans ce centre populaire qui fait l’une des caractéristiques de la Cité phocéenne. Huit personnes payèrent de leur vie des décennies d’une incurie doublée de cynisme des pouvoirs publics, en particulier d’une municipalité élue démocratiquement, soit dit pour ne pas exempter une bonne partie de la population marseillaise de sa responsabilité morale. De plus, pour de nombreux expulsés d'immeubles jugés dangereux depuis il a fallu trouver des lieux de relogement précaires.
Dans la deuxième ville de France, 13% de l’habitat est considéré comme dégradé, comme l’a constaté le rapport de Christian Nicol commandé en 2015 par la ministre du logement, Sylvia Pinel, soit 40 000 logements concernant quelque 100 000 personnes. La moyenne nationale de l’habitat dégradé est de 2%. À titre de comparaison, la ville de Paris a consacré trois milliards d’euros pour éradiquer l’habitat insalubre (20 000 logements réhabilités en dix années). À Marseille, le rapport de Christian Nicol n’eut pratiquement aucune conséquence, sauf une attention trop tardive à l’un des immeubles de la rue d’Aubagne qui s’est écroulé et l’évacuation en urgence de 200 bâtiments, concernant 1 600 personnes.
Parallèlement, on recense dans cette ville environ 67 000 logements vides. Les partis de gauche et d’extrême gauche, les associations multiples, très actives, proposent une action forte et rapide qui ferait se rejoindre les compétences municipales, départementales et nationales, au service d’une inversion du processus de dégradation qui reste à l’œuvre, quelle que puisse être l’inventivité des Marseillais pour habiller artistiquement la misère. Aznavour a eu beau chanter « Il me semble que la misère/ Serait moins pénible au soleil » (Emmenez-moi, 1967), un mort reste un mort et un cynique un cynique.
Que peut-on aujourd’hui espérer pour l’avenir du bâti à Marseille ? Un changement politique ? Cela semble indispensable. Mais au profit de qui ? Les sondages qui, certes, nous direz-vous, valent ce qu’ils valent, n’augurent d’aucun changement de majorité, même si les pauvres se mettaient à voter. Une évolution morale ? Il est toujours permis d’espérer, passée la période des gémissements.