Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Nous avons rendu compte récemment d’un ouvrage collectif consacré à la satire dans les années trente. En voici un autre, qui nous fait remonter dans le temps avec une étude sur la manière dont les personnalités civiles et militaires ont été représentées dans différents supports, qu’il s’agisse d’images de presse, d’affiches ou d’objets du quotidien, lors du premier conflit mondial (1914-1918).
Dans l’introduction, il est expliqué que les images, souvent haineuses, n’en sont pas moins souvent comiques, jouant sur les stéréotypes attachés à l’ennemi. Après cela, le plan du livre est des plus classiques : « Image et politique dans la Grande guerre », « L’Allemagne et ses alliés », « La France et ses alliés », « Les neutres », « Les personnalités féminines », laissant au lecteur le soin de jouer lui même au comparatiste. L’une des spécificités de cette époque est l’existence, à côté des images de presse, affiches et cartes postales, d’un grand nombre d’objets, statuettes supports de caricature, mais aussi jeux et jouets, éléments de vaisselle, ustensiles de tabagie, qui peuvent apparaître aujourd’hui d’une grande naïveté, mais dont les auteures nous éclairent sur la fonction de décompression ils assuraient, face au drame permanent.
Ce livre est publié par le service des collections et expositions temporaires du mémorial de Verdun dont Marie-Estelle Tillard assure la responsabilité, Claire Aslangul-Rallo étant quant à elle une universitaire de haut niveau, spécialiste de l’Allemagne. Ce livre comporte des illustrations que la plupart des lecteurs n’auront jamais vues et des textes qui les éclairent. La fin de l’ouvrage nous ramène à une partie du précédent que nous avons chroniqué sur ce blog et qui traitait des années trente, et ce à propos de la continuité des représentations hostiles dans l’après après-guerre, processus qui prépare les esprits au conflit suivant.
Auparavant, le chapitre consacré aux figures féminines nous aura montré plusieurs figures religieuses, de Jeanne d’Arc à une bonne sœur associée représentée à côté de l’anticlérical Clémenceau au nom de l’Union sacrée, en passant par une Marianne en bonnet phrygien face à une Germania en casque à pointe, sans oublier la reine des Belges en tournée de soutien aux soldats dans les tranchées, le tout dans un mélange de personnes réelles et imaginaires.
En résumé, nous avons affaire avec ce livre de format carré à une nouvelle contribution à la mise en perspective de la guerre des images, partie prenante de la guerre tout court. Le titre d’un des périodiques-phares de l’époque, La Baïonnette, illustre bien, c’est le cas de le dire, ce que fut le rôle crucial de représentations qui oscillent entre une fonction iconique et une autre, satirique.