Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Numéro passionnant et très dense de cette revue publiée par L’Âge d’homme fondée par Vladimir Dimitrijevic (1934-2011), ouvrage collectif auquel participent les spécialistes les plus éclairés de la question traitée, pour la plupart franc-maçons spiritualistes.
Jean-Marie Mercier commence par nous renseigner sur ce que furent les premières éditions à parler de la franc-maçonnerie naissante au début du XVIIIème siècle, ouvrages très prisés des collectionneurs. Suit un travail de Pierre Lachkareff sur La Révolution de Robert Margorit, ouvrage bien oublié, mais dont se détache l’idée d’une franc-maçonnerie qui serait une puissance indéfinissable. Paul Paolini s’attache quant à lui aux tous premiers temps de la maçonnerie britannique du début à la moitié du XVIIème quand se sont à la fois formés un corpus ésotérique et l’idée d’une maçonnerie spéculative. Thierry Zarcone s’arrête sur ce que fut l’inquisition pontificale antimaçonnique entre 1737 et 1792. Gian Mario Cazzaniga introduit la notion de noachisme à côté de la révélation originelle pour traiter de la franc-maçonnerie moderne. Pour terminer la première partie de ce sommaire, André Combes revient sur une période plus proche de nous en s’intéressant aux rapports entre la maçonnerie et la politique du XXVIIème au XXème siècle.
Deux études complètent cet ensemble. Pierre Paolini reprend la plume pour nous parler des rapports entre Cromwell et la franc-maçonnerie sous l’aspect d’un complot international. Et Reinhard Markner étudie le congrès de Berlin en 1918 dont devait sortir une franc-maçonnerie des Empires centraux.
Suivent quatre notes de lecture dont la dernière de Patrick Lequet sur le livre de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement (Seuil, 2018). Les dernières lignes de cette recension méritent d’être citées : « Mais l’Église catholique qui n’attend pas une victoire glorieuse sur terre enseigne aussi que vers la fin, elle sera à l’image de son Seigneur crucifié, faible et méprisé du monde. Ce sera la Passion de l’Église, la seconde Passion du Christ vécue dans son corps mystique qui est l’Église. Pascal qui savait qu’elle serait à l’agonie Jusqu’à la fin des siècles nous rappelle qu’il ne faut pas dormir dans ce temps-là ». On se console comme on peut.
On trouvera au début de ce numéro le résumé des précédents, ce qui donnera une idée de ce que la revue a pu apporter depuis sa naissance en 1987, l’instauration d’un colloque annuel ayant commencé l’année précédente.