Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
La revue de l’univers Messacquien dont nous rendons compte régulièrement avec le plus grand plaisir, attaque vaillamment sa douzième année d’existence en changeant de directeur. Olivier Messac, petit-fils de l’écrivain reste rédacteur en chef, mais Pierre Lebedel cède sa place de président de l’association et directeur de la revue, après de longues années de bons et loyaux services à Jean-Luc Buard, par ailleurs rédacteur en chef de Rocambole, trimestriel que nos lectrices et lecteurs connaissent bien, qui prend la succession.
Ce numéro 39 poursuit l’hommage commencé dans la précédente livraison à André Prudhommeaux (1902-1968). Guibert Lejeune décrit l’amitié qui relia l’écrivain anarchiste à Régis Messac (notre photo) entre 1934 et le début des hostilités. Libertaire mais déiste, Prudhommeaux fut aussi un poète. Rétif à l’autorité de son père et à celle de son professeur de latin, il s’en ouvrit à son ami qui publia des textes de lui dans Les Primaires, revue qu’il dirigeait. Il semble aussi, en réciproque qu’il ait publié dans Terre libre, revue anarchiste. Un poème macaronique de Prudhommeaux est reproduit dans ce numéro 39, ainsi qu’un essai de bibliographie qui se poursuivra dans le prochain numéro.
Nous ne détaillerons pas le contenu de ce long article, mais soulignerons son intérêt sociologique, quant à la constitution de réseaux d’écrivains progressistes de tendances différentes, mais liés par l’amitié. À cet égard, une autre contribution signée du même auteur se demande « si Régis était marxiste », la réponse tiendrait en un « oui, mais ». Ce serait cependant caricaturer l’auteur de cette réflexion qui insiste sur ce que fut l’expression constamment critique d’un Messac campant constamment entre idéalisme et nihilisme, aussi bien du point de vue littéraire que politique.
Comme à l’habitude, Quinzinzinzili comporte nombre d’autres articles dont celui de Rémi Malenfant sur la « SF française avant le terme ». L’auteur rend hommage à ce qui fut publié en France avant le dernière guerre, renvoyant notamment aux études publiées par Messac sur ce thème de la science-fiction.
À lire également les brèves qui parsèment le numéro où l’on comprend que l’information faite dans l’éditorial au sujet de l’existence d’un réseau au meilleur sens du terme prend sens, au service de la littérature populaire. En quatrième de couverture, on trouvera l’annonce d’une nouvelle publication d’un texte de Messac : « Coutances à l’heure allemande ». Correspondant du réseau Manche-sud du « Front national » de la Résistance entre l’automne 1942 et mai 1943, l’écrivain, alors instituteur, tint alors une correspondance qui constitue l’essentiel de cet ouvrage publié par Ex Nihilo en février 2018. Le livre est préfacé par Dominique Kremp et Guibert Lejeune et postfacé avec un texte de-André Prudhommeaux. Tout se tient.