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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Revues et magazines reçus à la rédaction

La Raison,  n°639, mars 2019

 

« Maudite soit la guerre », tel est le titre qui figure en couverture du dernier numéro du mensuel de La Libre pensée, à l’occasion de  l’érection à Chauny dans l’Aisne, le 6 avril 2019, d’un monument réhabilitant les fusillés pour l’exemple. Ce sera l’occasion de rappeler que lors du premier conflit mondial, 639 soldats et officiers furent fusillés pour l’exemple pour 2 500 condamnés à mort. On leur reprochait d’avoir refusé la boucherie collective. De ces pacifistes, la réhabilitation n’est pas encore intervenue, sauf dans une quarantaine de cas.

 

Le magazine mensuel  fourmille dans ses pages intérieures d’exemples nationaux et surtout internationaux où la laïcité est en danger et mérite d’être défendue, les différentes Églises restant, ici où là, plus puissantes qu’en France, avec une action négative. On retiendra notamment le coup de projecteur mis sur la situation de la laïcité en Guyane. Michel Godicheau insiste sur le fait que la loi de 1905 ne s’applique pas à ce territoire lointain, dans une logique qui reste coloniale.

 

Un article de Philippe Pesson permet de se rafraichir la mémoire sur la guerre anglo-américaine de 1812-1815, un autre, signé de La Libre pensée fait le point sur ce que fut la loi Debré en 1959 et sur le fait que, soixante années plus tard, plus de 12 milliards d’euros de crédits publics soient encore alloués par l’État à l’enseignement privé. Ce gouvernement  ne semble donc pas considéré par le magazine comme digne de confiance.

 

Franc-maçonnerie magazine, n° 67, Mars-avril 2019

 

Grande variété de sujet dans ce nouveau numéro. Le dossier est consacré aux rapports entre les francs-maçons et les étoiles du cinéma. Douglas Fairbanks Clark Gable, Stan Laurel, Oliver Hardy, les Monthy Python, John Wayne, la liste est longue de ceux qui furent membres d’une obédience américaine. Dominique-Alain Freymond qui est le président du groupe de recherche de  la Grande loge helvétique Alpina s’est attaché à analyser pas moins de 164 œuvres, films, séries télévisées, documentaires et films d’animation. Laissons lectrices et lecteurs le soin de découvrir ce qui se divise dans ce corpus entre teneur antimaçonnique, neutralité et vision favorable.

 

Un autre article concerne l’association des Free Gardiners (francs-jardiniers), une de ces sociétés fraternelles paramaçonniques dont des centaines de loges ont parsemé l’empire britannique, une des variantes de ce que certains appelaient de manière méprisante the poor masonry. Pierre Mollier qui ne cite pas l’ouvrage de Jean-Pierre Bacot, Les sociétés fraternelles, un essai d’histoire globale (Dervy, 2007) où se trouve la synthèse de ces mouvements ancre le début de cette fraternité au début du XVIIIème siècle et constate qu’il ne subsiste aujourd’hui que trois loges en activité. Cela s’explique par le fait que les francs-jardiniers fonctionnèrent essentiellement à partir du XIXème comme société de secours mutuels avant que le développement d’une sorte de sécurité sociale et de mutualisme ne les rende inutiles. La symbolique  de cette fraternité tenait en trois outils, l’équerre, le compas et le couteau à greffer. Les francs-jardiniers décernaient trois degrés : apprenti, compagnon et maître.

 

On lira également avec intérêt le dossier que Jean-Moïse Braitberg consacre à la franc-maçonnerie à Cuba, avec un sous-titre très explicatif : « Comment se penser libre dans un pays qui ne l’est pas ? ». Le régime cubain est le seul pays communiste à ne pas avoir interdit la maçonnerie comme structure bourgeoise ou de collaboration de classe. Pourtant les premiers maçons cubains étaient des esclavagistes. Une loge fut créée en 1804 à la Havane par l’un d’entre eux, un français Joseph Cerneau et s’appelait « Le Temple des vertus théologales ». Mais d’autres avaient été installées auparavant par d’autres Français fuyant pour ceux-ci la révolte des « nègres » en Haïti. La plupart des maçons concernés furent chassés en 1809 par la guerre franco-espagnole et atterrirent en Louisiane. La suite de l’histoire d’une cohabitation sur l’île de Fidel Castro, entre communistes et maçons, aussi étrange qu’elle puisse apparaître, d’autant que cette maçonnerie se veut « régulière » est bien décrite par Jean-Moïse Braitberg.

 

On découvrira par ailleurs une dimension originale à l’article d’Yves Hivert-Messeca qui se demande si l’architecte pourrait être une femme. Il s’appuie sur une féministe belge oubliée, Céline Renooz (1840-1928). Ayant perdu ses quatre enfants de tuberculose après avoir divorcé et avoir déménagé à Paris, elle prôna sa vie durant le différentialisme contre les suffragettes qualifiées d’égalitaristes. On s’étonnera au passage que les obédiences féminines n’en aient pas fait une héroïne, elles qui pratiquent également un développement séparé. Renooz fut cependant membre d’une loge mixte de la Grande loge symbolique écossaise, intitulée « la Raison triomphante » en 1902. Il est probable qu’elle se soit affiliée plus tard à une autre, « Diderot », puis à la loge d’adoption « La Nouvelle Jérusalem ».

 

Un article aurait mérité d’être rapproché de celui-ci, le petit texte que Denis Lefebvre consacre à une autre grande féministe, celle-ci davantage connue, Madeleine Pelletier (1874-1939). Pour sa part, elle aura milité toute sa vie en politique comme en maçonnerie, aussi masculine qu’elle apparut, pour une parfaite égalité des hommes et des femmes. L’auteur rappelle que cette féministe, après avoir été condamnée pour avortement, finit hémiplégique et internée à l’asile de Perray en Vaucluse.

 

Comme à l’habitude, Franc-maçonnerie magazine fournit des sujets variés, y compris un grand nombre de brèves et quelques notes de lecture. Le bimestriel, abondamment illustré, est disponible en abonnement et même en coffret-reliure. Il est vendu au numéro 5,95euros.

 

Les Cahiers de l’Alliance, n° 2

 

La Grande loge de l’alliance maçonnique française (GL-AMF) vient de publier le deuxième numéro de sa revue Les Cahiers de l’alliance, qui mobilise les intellectuels de cette obédience, cette fois-ci sur le thème « L’Humanisme en question, de la Renaissance aux défis du XXIème siècle ». Si ce n’est que cet humanisme est réservé au sexe masculin dans le cas de cette fille de la Grande Loge nationale française (GLNF), le propos ne manque pas d’intérêt. Il est introduit par le Grand-maître en activité Jean-René Dalle et suivi par huit textes fort bien illustrés dont on remarquera qu’ils parlent d’une généralité dont les femmes sont absentes.

 

Francis Bardot traite de « L’humanisme et de la crise d’identité de  l’humain », dont il estime que la recherche et la pratique initiatiques pourraient la transcender. Dans « Qu’est-ce que l’humanisme », Christophe Calama, membre du groupe suisse de recherche Alpina en appelle pour sa part à la gnose pour dépasser toutes les variations que sont l’anti, l’hyper, le para, le sur, le post, le sub et le transhumanismes. Jacques Branchut fait retour à Erasme et Richard Bacin à Rabelais. Les autres articles s’interrogent sur les rapports de la tradition et de l’avenir. Jean Staune sur « Le XXIème siècle et l’avenir de l’espèce humaine », Jean Dumonteil à propos d’une « Maçonnerie humaniste », Jean-Michel Mencia-Huerta  interrogeant « L’humanisme moderne au prisme de la Tradition. Enfin Christian Huglo croise « Humanisme et écologie ».

 

Que ce soit dans cette série d’articles où dans la sélection bibliographique qui termine ce volume, on baigne dans un spiritualisme masculin qui confond l’homme et l’humain. La qualité de l’écriture place certes ce travail dans le haut de gamme de ce que l’on peut voir émaner de la GLNF ou de la Grande loge de France (GLDF) et qui survivra sans doute à la mort annoncée du catholicisme sous nous contrées, à supposer que la masculinité exclusive soit longtemps tolérée par la société. La revue, éditée par la GL-AMF. est vendue 18 euros.

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M
Pour dire merci pour la réflexion sur le cinéma :<br /> VIVE LE CINEMA<br /> A la mémoire de Georges Méliès<br /> <br /> J’entre dans l’obscurité<br /> Et je vois l’écran s’illuminer<br /> <br /> La couleur et le noir et blanc<br /> De tout cela je suis content<br /> <br /> Je souris, je ris et je pleure<br /> Que d’émotions pour mon cœur !<br /> <br /> De l’humain, qualités et défauts<br /> Sont là sur l’écran en bien gros<br /> <br /> De paysage en paysage<br /> Quel voyage !<br /> <br /> Les images bougent<br /> Et dans mon cœur tout bouge<br /> <br /> Les images animées<br /> Que le temps a sauvegardées<br /> <br /> Acteurs et actrices, vos leçons de vie<br /> Se regardent avec envie<br /> <br /> Ceux qui éclairent l’écran<br /> Sont des étoiles qui perdurent dans le temps<br /> <br /> FRATERNITE CINEPHILE
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