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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Le diable, probablement

Jean-Pierre Bacot

Un(e) membre de notre équipe de rédaction a reçu il y a peu à son domicile des documents photocopiés émanant de catholiques intégristes non identifiés et manquant donc singulièrement de courage. C’étaient de véritables torchons dont le contenu rappelle les pires moments de la chasse aux francs-maçons.

Dans un galimatias d’une autre époque, on accuse la maçonnerie d’être infestée de suppôts de Satan. On propose même un processus de rédemption dont je ne résiste pas à vous donner le texte exact: « Quand un franc-maçon veut se réconcilier avec l’Église, il doit : se séparer de la secte ; promettre qu’il ne paiera  plus sa cotisation ; écarter le scandale de son mieux ; être prêt à faire effacer son nom dès qu’il le pourra sans grave inconvénient. On lui donnera l’absolution de sa censure, absolution qu’un recours à l’Ordinaire rendra valide au for externe si l’adhésion a été publique. Le converti doit révoquer par écrit les volontés qu’il aurait exprimées d’un enterrement civil et, en général, livrer au supérieur ecclésiastique ou à son délégué les documents et insignes de la secte. »...

On trouvera donc peut-être un jour un évêque pédophile utilisant comme cache-sexe un tablier confisqué à un(e)repenti (e), s’il en existe.

Ce texte est extrait du code établi en 1917, premier Code de droit canonique stipulant notamment que « ceux qui s’inscrivent dans une secte maçonnique ou dans toute autre association du même genre qui complote contre l’Église et les pouvoirs civils légitimes sont, par le fait même, frappés d’une excommunication réservée simplement au Saint-Siège ».  Les édits épiscopaux plus récents de 1983 ne portent en rien un changement quant à l’attitude de l’Église par rapport à la franc-maçonnerie. En 1917, en pleine montée du bolchévisme, les délires -hélas efficaces dans les milieux fascistes- du complot judéo-maçonnique avaient une certaine force. Aujourd’hui que l’Église recule comme nous l’avons mainte fois montré, il est permis de sourire de ces héritiers tardifs et bégayants.

Comme le disait Karl Marx qui n’aimait pas trop non plus les maçons -comme les marxistes en général : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce » (Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1852).

Certain(e)s penseront qu’il convient de rire jaune. Y compris à propos de ce détail. À ces feuilles était jointe, scotchée, une médaille miraculeuse dont l’existence remontre à 1830 quand il fut annoncé que la vierge était apparue à Paris, rue du Bac. Une protection contre « le pacte satanique ».

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