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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

L’hommage de "Rocambole" à Georges J. Arnaud

Jean-Pierre Bacot

 

En sociologie, un débat récurrent oppose les options quantitatives et qualitatives. En serait-il de même en histoire littéraire que le cas de George. J. Arnaud mettrait tout le monde d’accord. En effet cet auteur constitue un véritable phénomène, tant par la quantité de ce qu’il a écrit et continue de produire à 91 ans révolus, que par la variété de ses registres et la qualité, tardivement reconnue, de sa contribution à la littérature populaire francophone.

 

Il aura fallu un nouveau numéro double (88/89) de Rocambole, revue phare de cette littérature populaire, pour rendre justice à un écrivain auquel on doit, sous diverses identités, plus de 400 romans, dont le premier, Ne tirez pas sur l’inspecteur fut publié chez Hachette en 1952, à 24 ans, sous le nom de Saint-Gilles, sa commune natale. D’entrée de jeu, l’ouvrage reçu le prix du quai des Orfèvres. C’est à cause d’un homonyme, Georges Arnaud (1917-1987), auteur notamment du Salaire de la peur en 1953,que ce natif du Gard ne vit sa production naissante acceptée que sous de multiples pseudonymes, avant que ne soit trouvée une solution avec l’ajout d’une lettre à son prénom.

 

Pas moins de 17 articles emplissent ce numéro. L’étude est comme il se doit des plus sérieuses et en l’occurrence, par nécessité, kaléidoscopique. Alfu qui s’était auparavant attaqué à l’esthétique de la couverture des romans propose en quelques pages une analyse des titres, avant une biographie commentée, un énorme travail signé Robert Bonaccorsi et Noé Gailland.

 

Même si l’écrivain passa l’essentiel de son existence dans le Sud de la France,  nous avons eu l’occasion de le croiser jadis, voisin que nous étions, dans les années 1960 à Villefranche-sur-Saône, sous-préfecture du Rhône où son épouse était enseignante et où il avait été lui-même surveillant, pion, au lycée Claude Bernard, avant de commencer sa carrière d’écrivain.

 

Cette livraison fleuve de Rocambole passe donc en revue les spécialités d’un personnage exceptionnel : le polar, le roman d’espionnage et de contre-espionnage, la science-fiction (avec les 52 tomes de La Compagnie des Glaces, publiés en deux temps, de 1980 à 1992 puis de 2001 à 2005, mâtinés de polar et d’espionnage), les romans érotiques, les interviews qu’il a données et les adaptations faites de son œuvre au cinéma et à la télévision. On suit, à la lecture, la lente montée de la légitimité de l’écrivain. Il nous sera pardonné de ne pas donner la liste des articles et de leurs auteurs au sein de cet intellectuel collectif, au sens « bourdieusien » du terme, que constitue cette revue.

 

On se permettra de regretter cependant que nul élément ne soit donné des tirages, des revenus et de la place de George J. Arnaud dans le panthéon des spécialistes, hors son exceptionnelle longévité.

 

En varia, on trouvera la suite de l’étude de Christophe Marécaille sur les romans spirites avec, cette fois-ci, les  romans hostiles et celle des aventures numériques et populaires proposées par Jean-Luc Buard. Cette fois-ci, le rédacteur en chef de Rocambole s’attaque aux débuts de Léon Groc. N’oublions pas Patrick Ramseyer qui traque mieux que quiconque les pseudonymes et cherche à donner vie à leurs porteurs et rares porteuses.

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