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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Terrorisme islamiste : état des lieux (1/2)

Deux études parues en novembre 2019 permettent de revenir sur le terrorisme islamiste en tentant une approche quantitative. « Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 » de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) propose un panorama mondial et « La réalité de la menace djihadiste en France 2015-2018 » de Xavier Crettiez (Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye) et Yvan Barros (Fondation Jean Jaurès) s’intéresse plus précisément au cas français.

 

« Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 » par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol)

 

1979-2019 : 33 769 attentats islamistes et au moins 167 096 morts

L’étude de la Fondapol commence par préciser ses choix et limites méthodologiques. D’abord les choix. 1979, année de démarrage de l’étude, s’explique par les événements qui marquèrent cette année : l’intervention militaire soviétique en Afghanistan ; la révolution iranienne ; les accords de Camp david et la prise d’otages à la grande mosquée de La Mecque. Ensuite le terrorisme est défini comme un usage intentionnel de la violence par des acteurs non étatiques avec un objectif politique, économique, religieux ou social. Quant à l’islamiste, il est défini comme une tendance visant à l’établissement de l’islam comme religion d’État et l’application stricte des prescriptions de la loi religieuse.

Ensuite les limites. Les auteurs soulignent que la violence islamiste a été sous-estimée dans cette étude parce que, notamment, des attentats n’ont pas été répertoriés ou encore parce que les morts différés sont rarement connus.

Le recensement effectué par la Fondapol aboutit aux chiffres suivants : entre 1979 et (le 31 août) 2019, il y eut 33 769 attentats islamistes faisant au moins 167 096 victimes. L’étude distingue ensuite 3 grandes périodes.

 

1979-2000 : les prémices du terrorisme islamiste transnational

L’intervention soviétique en Afghanistan à partir de 1979 est considérée comme la « matrice du terrorisme islamiste » avec les soutiens multiples que reçoivent les Afghans. Mais de 1980 à 1989, le pays le plus touché par les attentats est le Liban avec surtout le Hezbollah créé en 1982 et le conflit israélo-palestinien qui s’islamise avec le Hamas créé en 1987.

Le retrait des Soviétiques en 1989 galvanise les islamistes et propage le terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. C’est ainsi que sur la période 1979-2000, ce n’est plus le Liban, mais l’Algérie qui détient le record macabre avec 604 attentats et 2 655 victimes.

En Arabie Saoudite, en Algérie, en Syrie et en Égypte, la répression est implacable. Les terroristes se déplacent et frappent en Europe (La France connait alors 21 attentats qui font 37 victimes) et en Asie (Inde, Pakistan, Philippines).

 

2001-2012 : le tournant du 11 septembre

L’attentat du 11 septembre perpétré par al-Qaïda est le plus meurtrier de l’histoire avec 3 001 morts et 16 493 blessés. Il ouvre l’ère de la médiatisation du terrorisme et le développement de prises d’otages. La circulation des personnes et des idées est facilitée, les attentats se globalisent et commencent à puiser dans les ressources humaines des pays occidentaux pour recruter des terroristes. De plus apparaissent des branches d’al-Qaïda qui exportent le terrorisme en Afrique.

La riposte américaine s’exerce en Afghanistan puis en Irak. Les pays les plus touchés sur cette deuxième période sont donc l’Afghanistan (2 536 attentats et 8 054 morts) ; le Pakistan (1 009 attentats et 4 997 morts) puis l’Irak (914 attentats et 8 534 morts).Quant à la France, elle connait 8 attentats qui font 8 victimes.

 

2013-2019 : l’irruption de l’État islamique et de Boko Haram

L’État islamique est proclamé à Mossoul en 2014. Le groupe État islamique a été créé en 2006 et a connu des changements de noms en fonction de son expansion (« en Irak » puis « en Irak et au Levant »). 2016 est ainsi l’année la plus meurtrière avec l’assassinat de 13 746 personnes par l’État islamique. Quant à Boko Haram, fondé en 2002 et qui prête allégeance à l’État islamique en 2015, le groupe recourt surtout à des attentats-suicide et à des enlèvements.

Les pays les plus touchés par le terrorisme sont alors l’Afghanistan (5 905 attentats et 28 642 morts qui est ainsi le pays le plus touché par le terrorisme islamiste depuis 1979) ; l’Irak (5 330 attentats et 32 871 morts) et la Somalie (2 610 attentats et 7 789 morts).

Les organisations les plus meurtrières sont l’État islamique (52 619 morts) ; les Talibans (39 733 morts) ; Boko Haram (22 287 morts) et al-Qaïda (14 680 morts)… L’Union européenne représente 0,7% des attentats entre 1979 et 2019 et 0,9% des victimes. L’essentiel des attentats islamistes sont perpétués à 89% par des organisations sunnites (2% par des organisations chiites et 9% par des organisations non renseignées) et dans des pays musulmans si bien que « la plupart des vies perdues sont donc celles de musulmans. »

À partir de 2013, l’islamiste devient ainsi la cause majoritaire des morts par terrorisme. Entre 2013 et 2019, la France est le pays européen le plus meurtri, avec 42 attentats et 272 victimes. Mais c’est également le pays de l’Union européenne le plus touché sur la période 1979-2019 avec 71 attentats et au moins 317 morts.

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