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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

On a tous quelque chose de V.G.E. (1/3)

Julien Vercel

Depuis le décès de Valéry Giscard d’Estaing (VGE) le 2 décembre 2020, chaque commentateur ne manque pas de le comparer à l’actuel locataire de l’Élysée.

Il y a certes des points de convergence. Le premier est leur âge. VGE fut élu président à 48 ans en 1974, un record sous la Ve finalement battu par Emmanuel Macron puisqu’il avait 39 ans en 2017 (mais pas par Nicolas Sarkozy qui avait 52 ans en 2007).

Le deuxième est leur position centrale revendiquée : VGE publie en 1976 Démocratie française (Fayard) en faveur du libéralisme et de la construction européenne et crée l’Union pour la démocratie française (UDF) en 1978 afin de rassembler la famille centriste (sans parvenir toutefois à embarquer le Parti radical de gauche-PRG). Emmanuel Macron crée En marche en 2016 refusant le clivage traditionnel pour s’imaginer « et de droite, et de gauche ». Lui aussi revendique un fort engagement libéral et européen (mais il ne s’embarrasse pas d’embarquer les partis de gouvernement qu’il se contente de siphonner).

Ensuite ? Ensuite, pas grand chose ! Certes les flatteurs d’Emmanuel Macron aiment à le comparer à l’élan réformateur du début du septennat giscardien. Valéry Giscard d’Estaing se voulait un président ouvert sociétalement : il baisse la majorité à 18 ans, fait voter la loi sur l'interruption volontaire de grossesse et le divorce par consentement mutuel, éclate l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) aux ordres gaulliens, crée un secrétariat d'État à la condition féminine (Françoise Giroud), libère les écrans cinématographiques (avant de se raviser avec la loi sur le classement X dès 1975). En matière institutionnelle, il permet la saisine du Conseil constitutionnel par 60 députés ou 60 sénateurs donnant ainsi un début de statut à l’opposition. Et ces réformes sociétales se faisaient dans un contexte de relance économique... Pas étonnant que les réformes sociétales que pourrait aligner, de son côté, Emmanuel Macron soient oubliées, car elles, elles sont entreprises dans un contexte de politique économique en faveur des « premiers de cordée » et marquée par la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)... que la crise sanitaire du coronavirus est venue disqualifier.

La comparaison de Nicolas Sarkozy à Valéry Giscard d’Estaing aurait d’ailleurs plus de sens. C’est ce président nerveux qui a osé reprendre une formule giscardienne en 2011 en déclarant que, lorsque « les Français choisissent, c’est par définition le bon choix » (1), le « bon choix édicté par le bon sens » était la formule utilisée par Valérie Giscard d’Estaing qui craignait une victoire de la gauche aux élections législatives de 1978 (2).

À suivre.

__________

1. Entretien,  Agence France-Presse (AFP), Radio de la communauté juive (RCJ) et Radio J, 18 octobre 2011.

2. Discours de Verdun-sur-le-Doubs (Saône-et-Loire), le 27 janvier 1978.
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