Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Rédac’
Les éditions Le Bord de l’eau nous proposent en ce début d’année La Nouvelle Droite et ses dissidences. Identité, écologie et paganisme, dont l’auteur n’est pas inconnu aux lecteurs de ce blog, puisqu’il s’agit de Stéphane François. Cet ouvrage permettra à la fois aux lecteurs de retrouver son analyse des droites extrêmes, en France et autour du monde, mais aussi d’y découvrir des inédits.
Jusqu’alors assez discret, le Groupe de Recherche et d’Étude pour la Civilisation Européenne (GRECE), fondé en 1969, fut placé sous les feux des projecteurs de l’opinion publique en 1979, à la suite d’une campagne médiatique particulièrement violente, donnant naissance à l’expression « Nouvelle Droite ». Elle fut forgée pour qualifier le GRECE et ses positions idéologiques. On a fait de la Nouvelle Droite une usine de recyclage d’idées nazies, un club de surhommes, un trotskisme de droite cherchant à infiltrer les médias et les instances politiques ou intellectuelles. Tout ceci est partiellement faux… et donc également en partie réel. Cet ouvrage se propose de montrer les soubassements idéologiques du GRECE, ses filiations intellectuelles et son apport dans l’apparition de l’idéologie identitaire qui dépasse aujourd’hui le cadre restreint de l’extrême droite radicale. Stéphane François y analyse différents points de l’idéologie promue par la Nouvelle Droite et ses principaux théoriciens, notamment Guillaume Faye et Alain de Benoist. Il revient également sur ses liens avec le Russe Alexandre Douguine [ndlr, leader nationaliste russe, déjà apparu dans plusieurs articles du blog sur les liens entre ésotérisme et extrême droite, notamment ici et là] et les théoriciens américains du racisme, dont le courant « alt-right », mieux connu depuis l’accession de Donald Trump à la présidence des États-Unis
L’ouvrage revient également sur certains aspects idéologiques récents de la Nouvelle Droite, notamment la question indo-européenne, l’écologie et surtout l’identitarisme. Il montre comment a été nourrie intellectuellement cette pensée identitaire qui est à l’œuvre aujourd’hui, tant au Rassemblement National que dans les groupuscules les plus radicaux. Plusieurs parties du livre montrent en effet le rôle majeur des dissidents du GRECE dans l’apparition de cette mouvance (Faye, Vial, Mabire, etc.).
Ce livre développe en outre plusieurs points forts, en particulier une étude qui revient sur les filiations (réelles et imaginaires) entre le nazisme et la Nouvelle Droite ; une autre analysant les relations d’Alain de Benoist avec les penseurs américains et ce, malgré l’anti-américanisme affiché de celui-ci ; une biographie de Guillaume Faye, longtemps le second intellectuel du GRECE ; une étude des liens entre l’extrême droite française et l’alt-right ; enfin, une étude des liens d’Alexandre Douguine avec les différentes tendances de l’extrême droite française.
L’ouvrage constitue l’aboutissement d’une décennie de travail sur la question. Composé de textes, inédits ou déjà publiés, mais largement complétés et retravaillés, il réunit en un volume des publications dispersées sur plusieurs supports et parfois difficiles à consulter. En ce sens, il s’agit d’un outil de travail qui intéressera celles et ceux qui travaillent sur l’extrême droite. Le tout est accompagné d’une bibliographie scientifique et d’un index qui permettent d’effectuer des recherches précises.