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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

"Sauver la liberté d'expression" de Monique Canto-Sperber

Joël Jacques

Est-ce vraiment utile de souligner l’importance actuelle à se pencher sur la sauvegarde de la liberté d’expression ; une liberté chèrement gagnée au fil des siècles entre les XVIIe et XVIIIe siècle (j’espère que tout le monde comprend les chiffres romains...)  et remise en question par ce qui reste encore à définir ; une société numérique dans laquelle chacun peut écrire (ce qui est bon) tout en restant illettré (cela l’est déjà moins). En effet, comment définir ce qui pourrait se traduire par « un assaut contre la société ». Contre toutes les sociétés. C’est un schéma d’autant plus difficile à traduire en un mot car il se présente comme une forme d’individualisme forcené qui tend à convaincre que le monde est gouverné par soi, n’a d’existence que par soi, ne parle que ce « soi » sais parler faute de quoi il faut changer les langues, changer les mots. Il est assez compliqué d’évaluer la puissance de réseaux sociaux qui ne sont rien d’autre, généralement, que le reflet moderne du radio-bistrot de nos grands-pères et qui deviennent, peu à peu, des organes de gouvernement, voire, des organes de presse pour un journalisme qui ne sait plus exercer son métier sans Facebook, Tic-Toc ou autre et qui ne sait plus rien faire sinon organiser des débats « choquants », « gênants » ou qui mettent « mal à l’aise » qui tendent à rester dans le cadre de ce qu’il faut dire ou faire sans choquer un peuple d’adolescents adultes. Bref, une société qui condamne et qui ne se rend pas compte qu’à revendiquer une adolescence attardée on sombre vite dans la violence. La quatrième de couverture nous prévient : Jusqu'où ? Jusqu'où laisser les apprentis censeurs d'aujourd'hui définir ce qu'on peut dire et ce qu'il faut taire ? Jusqu'où tolérer que défoulements et protestations envahissent le monde numérique ? Jusqu'où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole, refusent le débat et installent leur hégémonie ? La parole publique est déjà l'objet d'un rapport de forces, elle sera demain l'enjeu d'un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister... Fidèle à la tradition libérale, ce livre revient sur l'histoire de la liberté d'expression et en renouvelle le sens, comme la garantie de la plus grande diversité de points de vue. Mais, comment rester ouvert au partage quand on admet que la mesure reste de faire taire ? Ce qui conduit à penser qu’il ne faut pas se lamenter sur l'état des choses, mais combattre pour ne pas nous retrouver un cadenas sur la bouche et une prothèse dans la tête.

Ce vers quoi nous allons ressemble fort à une redéfinition de l’ancien régime avec ceux qui savent et ceux qui restent dans l’ignorance. La suppression, dans les Grandes Écoles, des cours de culture Générale est assez symptomatique du choix adopté. Reste que dans ce schéma, ceux qui savent feront et les autres continueront de tuer au prétexte de limiter la liberté d’expression.

Bref, il faut lire l’ouvrage de Monique Canto-Sperber, philosophe, spécialiste de la pensée morale et politique contemporaine. Sauver la liberté d’expression c’est un peu comme sauver les baleines, il faut espérer qu’il en est encore temps.

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M
Merci pour cette communication<br /> Car notre devoir est de sauver la liberté d'expression et de mettre en valeur fondamentale la culture comme bien de tous.<br /> FRATERNITE
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