Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Cet ouvrage, qui date de 2010 vient d’être réédité chez Fayard (collection Pluriel, 11,20 euros). Il relève d’un solide travail historique. L’auteur est un spécialiste reconnu des cultures islamiques. Il a publié plusieurs ouvrages dont Le Dictionnaire amoureux de l’Islam,(Plon, 2004), Le Kama Sutra arabe (Pauvert 2006) et L’Islam expliqué par (Perrin, 2007) qui montrent qu’outre ses qualités scientifiques, Malek Chebel professe un Islam libéral.
Il a parcouru une bonne partie du vaste monde, de l’Afrique de l’Est au Sahara, en passant par le Maghreb et l’Asie à toute fin de traquer les réalités passées et actuelles, des pratiques esclavagistes qu’il documente avec force références dans les textes islamiques. Malek Chebel repère tout ce qui s’est appuyé sur la religion pour mener des pratiques indignes que certains écrits encouragent et d’autres renient. Il insiste sur le fait que la plupart des dignitaires religieux ferment pudiquement les yeux sur ce qui reste souvent une sorte de tabou qui couvre les pires horreurs.
Nonobstant ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan ou au Pakistan au nom de l’Islam, le cas de la Mauritanie est relativement connu pour ce qui est de véritables pratiques esclavagistes. La situation du sultanat du Brunei l’est moins. Il est vrai qu’il est particulièrement difficile d’obtenir des renseignements sur l’état de cette société. Une cartographie et une chronologie qui figurent à la fin de l’ouvrage, avant une liste impressionnante de références nous aident à nous repérer dans ce monde islamique protéiforme.
Sur le fond de la question, on comprend que le chercheur espère réaliser un grand ménage dans sa famille de pensée et espère déciller celles et ceux qui ne veulent pas savoir ce qui se passe aujourd’hui au nom d’Allah. Mais, tout bien pensé, est-ce bien de religion qu’il s’agit dans ces pratiques sauvages ? Cela ne relève-t-il pas plutôt en priorité d’une question politique et économique, d’un exercice du pouvoir et du profit utilisant une couverture idéologique ? Si l’on prend l’exemple des États-Unis d’Amérique, les Sudistes blancs et leurs esclaves Noirs étaient tous chrétiens…
Peut-être, pour ces zones maudites des Dieux, une absence de religion dans les temps futurs rendrait-elle l’esclavage impossible ? On nous objectera que les Staliniens se disaient athées et qu’ils ne furent pas loin d’esclavagiser certaines victimes du Goulag.
En tout état de cause, à l’ère de l’intersectionnalité, seul un chercheur se déclarant musulman peut mener pareille enquête, pour ne pas dire un réquisitoire sans se faire accuser de tous les maux.