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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Deux numéros récents de La Raison - Un souhait et une victoire

Jean-Pierre Bacot

« Pour en finir avec la Vème République, une seule solution : la constituante élue, libre et souveraine ». Avant d’en venir à ce thème affiché à la Une, le numéro 668 (février 2022) commence par un éditorial de Jean-Sébastien Pierre en hommage à Machiavel, autour d’une phrase qui lui sert de fil conducteur « Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent ».

Est ensuite très sévèrement brocardé le fait que les catholiques intégristes aient réussi à faire annuler un récital d’orgue à Nantes qui était proposé par une compositrice interprète pas assez sacrée à leur goût, la Suédoise Anna von Hausswolff, par ailleurs chanteuse de post-métal.

Après un long parcours sur les manquements des Églises en Europe, soignés à la Kalachnikov, le numéro en vient à détailler les éléments qui amènent la Libre Pensée à souhaiter un changement de République. Parmi les principaux candidats à l’élection présidentielle, un seul proposant cette évolution, il n’est pas trop difficile de deviner où tournera le vent.

Le livre de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies : Dieu, la science, les preuves ; l’aube d’une révolution est étrillé par Jean-Sébastien Pierre, qui le considère comme rien moins qu’obscurantiste et comme une tentative désespérée de revenir sur d’anciennes billevesées.

Le Québec est ensuite une fois de plus félicité pour son évolution laïque, d’autant qu’elle arrive tardivement. La bataille n’est pas pour autant définitivement gagnée dans la Belle Province, puisque plusieurs mouvements combattent dans le camp d’en face, en particulier une coalition pancanadienne multiculturaliste.

On nous propose ensuite, sous la plume de Benoît Schneckenburger, un parcours historique dans ce que fut la clandestinité des libertins érudits, Pierre Bayle, Gabriel Naudé et François de la Motte le Vayer.

On lira aussi avec intérêt un nouveau dossier sur le Liban, où la laïcité a bien du mal à s’imposer face aux communautarismes religieux. Il est cosigné Michel Godicheau, Georges Saad et Ata Alsahwi, avec une interview de Rami Abou Eid, l’un des libres penseurs du pays du cèdre.

Avant-dernier article que nous signalerons (mais il en est d’autres dans ce numéro), celui que propose Roland Corominas sur le thème du retour de bagne d’un communard déporté, à partir d’un livre de Gérard Hamon, La traversée, qui vient de paraître aux éditions Pontcerq.

Nous ne saurions oublier pour finir le papier de Claude Singer sur la Ligue des Gentlemen extraordinaires, film de Stephen Norrington, qui date de 2003 et qui permet à l’auteur de disserter sur l’usage de la franc-maçonnerie dans certaines productions cinématographiques.

 

Sous le titre « Historique ! », le numéro 669 (mars 2022) salue la décision des parlementaires français de procéder enfin à la réhabilitation collective des 639 soldats français fusillés pour l’exemple lors de la première guerre mondiale. C’est une vieille revendication de la Libre Pensée qui se voit ainsi exaucée.

Ce numéro de mars partage ensuite équitablement son regard, majoritairement critique, sur les différentes religions, insistant d’abord sur les difficultés que connaissent les femmes à prier devant le mur des lamentations à Jérusalem. Vient ensuite la repentance des pasteurs suédois par rapport à l’attitude qui fut jadis la leur face aux populations autochtones. Quant à l’Espagne, c’est le caractère anachronique du Concordat de 1979 entre l’Église et l’État qui est dénoncé, d’autant qu’il est encore en vigueur. La même Espagne est également brocardée dans un autre article pour le refus de l’Église ibérique d’ouvrir une enquête sur les abus sexuels.

Eu égard à l’actualité tragique, on lira avec intérêt l’article que Christian Eyschen consacre à la bande dessinée d’inspiration libertaire que Jean-Pierre Ducret consacre à « La révolution russe en Ukraine, l’histoire de  Nestor Makhno ».

Le numéro se poursuit avec un « Nouveau regard sur la philosophie » où Benoit Scheckenburger passe d’Héraclite à Sloterdijk, en passant par Anders.

Un long papier d’Alain Chicouard attire notre attention sur un écrivain allemand et pacifiste oublié, Theodor Plievier (1892-1955) à qui l’on doit, entre autres ouvrages, un roman documentaire sur la Révolution d’octobre et novembre 1918 en Allemagne, publié en 1932, et intitulé : L’Empereur parti, les généraux restèrent. L’auteur fut ensuite piégé en URSS de 1934 à 1945, pour avoir eu l’imprudence de participer à un congrès d’écrivains à Moscou, car il n’obtint jamais de visa de retour. Revenu après guerre en Allemagne fédérale, où il publiera notamment trois romans : Stalingrad, Moscou et Berlin, il sera vilipendé par les staliniens. L’auteur de l’article n’hésite pas à mettre la valeur de ses témoignages au niveau de ceux que proposa jadis le Russe Vassili Grossman dans Vie et Destin, 1962, qui fut censuré en URSS.

Avant de se terminer par un retour sur l’affaire des fusillés pour l’exemple, ce numéro 669 s’attarde sur la situation française avec une critique du projet d’engagement républicain dont la Libre Pensée demande la suppression, du fait d qu'une partie de ce qui est requis  limite singulièrement la liberté d’expression. La reproduction du contrat qui nous est proposée est à elle seul très parlante.

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