Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
L’auteur de ces lignes, que cela soit bien clair, n’est pas de ceux qui traînent un syndrome philo-russe, lequel s’explique par des raisons variées et avariées qui feront peut-être l’objet d’un autre article, dans la mesure où nous pouvons lire sur ce registre ces jours-ci des propos franchement délirants. De plus, pour que tout soit bien clair, il participe activement aux manifestations et au processus de recueil des denrées indispensables aux nombreux réfugiés. Il est même, contrairement à certains, favorable à ce que l'on envoie aux Ukrainiens héroïques de quoi se défendre.
On ne peut que se réjouir que les divers pays européens aient décidé, dans une belle unanimité, d’accueillir les Ukrainiens chassés de leur pays par un paranoïaque qui se prend à la fois pour Staline II et Nicholas III, et bombarde sans pitié ses voisins. Il se prend peut-être aussi pour Vladimir le Grand qui reçut jadis le baptême chrétien à Kiev.
Pour autant, à voir les images réjouissantes des Polonais accueillant leurs voisins avec des vivres, des voitures, des équipements médicaux, on ne peut échapper à une comparaison. Lorsque, depuis 2014, les réfugiés syriens se sont enfuis de leur pays déchiré, en particuliers à cause de bombardement russes, Poutine étant un bon allié de Bachar el Assad, l’enthousiasme était bien moindre. La France, de son petit côté s’est contentée de recueillir quelque 5 000 personnes, un peu moins que la Belgique, et bien moins que l’Allemagne et le Canada, sans parler des pays proches de la Syrie, la Turquie au premier chef.
Avant l’attaque militaire post-soviétique, il y avait déjà environ deux millions d’Ukrainiens en Pologne. Comme nous l’avons déjà écrit sur ce blog, ce pays, comme d’autres et notamment la Roumanie, qui reçoit également des réfugiés ces jours-ci, souffre d’un déficit de population qui s’accroit d’année en année, du fait que ses ressortissants s’en vont par centaines de milliers vers des cieux économiquement plus réjouissants. Mais lorsqu’il s’est agit de répartir les réfugiés syriens entre les pays, selon leur population, les pays du Centre et de l’Est de l’Europe ont opposé un refus net.
Le décalage d’attitude n’est pas trop difficile à comprendre. Généralement grands, blonds et aux yeux clairs, chrétiens ou postchrétiens, les habitants de Kiev, Kharkiv ou Odessa sont agréables à recevoir, d’autant que leur langue est slave. D’un autre côté, il s’agit de basanés le plus souvent de confession musulmane, dont la langue sonne si bizarrement, n’est-ce pas ? Une bonne partie de l’opinion publique française n’échappe pas à la règle. Mieux vaut un(e) Slave qu’un(e) Arabe.
Nous venons en plus d’apprendre que les Polonais refusaient de laisser passer au poste frontière ukrainien les étudiants étrangers originaire de pays d’Afrique qui voulaient fuir le pays. Cela concorde avec ce que nous disions sur le fait que le gouvernement polonais qui a déjà refusé d'accueillir les réfugiés syriens peut bel et bien être considéré comme raciste, généreux pour les tout proches, fermé à l'altérité.
Ceci posé, bienvenue aux victimes de la barbarie poutinienne, qu'ile désirent ou non revenir chez eux plus tard. Le fait que M. Zemmour pense qu’ils risquent de déstabiliser la France ne fera que renforcer notre hospitalité active Le pays s’honorera à faire tout son possible pour trouver un accueil, puis un travail, à ces victimes de la barbarie qui sévit à nos portes. Ils participeront du grand métissage, le Tout-Monde cher à Edouard Glissant.
Crédits photo : Drapeau ukrainien, par VasenkaPhotography.
