Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
La présence des religions dans les débats politiques hérisse particulièrement les rédacteurs de ce 172ème numéro, deuxième de l’année, d’une Tribune qui commence par un appel aux candidats aux présidentielles. Nous verrons dans le prochain si certains ont répondu ou si un athéisme déclaré les dérange, comme c’est hélas probable.
Bernard Guillon, président de l’association, souligne que la sécularisation de la société, qui se poursuit imperturbablement, n’empêche pas les religions de se manifester, comme on le voit en Ukraine, avec le rôle sinistre du patriarche orthodoxe moscovite appelant à la guerre sainte.
Jean-Marie Sobrie rend hommage à François Périn en reprenant le livre que cet intellectuel belge écrivit en 1996 sous le titre Franc-parler. Témoignage sur la double crise du christianisme et du rationalisme, paru chez Quorum. Venu de la gauche pour finir au centre droit, Périn fut un partisan du rattachement de la Wallonie à la France. Il aura soulevé une question intéressante, celle d’un univers post-religieux qui relève davantage de l’indifférence que d’un athéisme assumé, ce qui vaut aujourd’hui pour la France.
Raymond Roze des Ordons propose ensuite une autre note de lecture à partir des Considérations sur les pratiques religieuses d’André Borowski, ouvrage aussi publié en 2021. C’est l’incapacité de la science à expliquer tous les phénomènes qui laisse la place à des imaginaires a minima poétiques et a maxima délirants. Après une variation sur l’absurde considéré comme une « impossible harmonie entre l’homme et le monde » par Nicolas Bringer, on trouvera une petite fable de Jean-Max Capmarty qui transforme le panthéon en pizzeria.
Pour conclure ce numéro, un texte du regretté François Cavanna, qui fut déjà publié dans le numéro 145 de la revue, une « Lettre ouverte aux culs-bénits » qui nous annonce un siècle de persécutions et de bûchers et se termine ainsi : « L’intégrisme musulman a donné le « la », mais d’autres extrémismes religieux piaffent et brûlent de suivre son exemple. Demain, catholiques, orthodoxes et autres variétés chrétiennes instaureront la terreur pieuse partout où ils les dominent. Les Juifs en feront autant en Israël ».
Entamant sa cinquante-et-unième année d’existence, l’Union des athées continue un combat né au XVIIIème siècle, comme en témoigne cette citation de Luc de Clapiers, Marquis de Vauvenargues (1715-1747) qui figure en exergue de ce numéro et qui mériterait d’être appliquée à bien des débats d’aujourd’hui : « La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer ».
