Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
Si les sociologues du religieux n’étaient pas aussi paresseux, ou plutôt prisonniers de paradigmes anciens, ils se saisiraient de ces Cahiers de l’Alliance, publiés trois fois l’an. En effet, par leur thématique qui court de numéro en numéro, ils constituent l’un des meilleurs corpus qui soient pour observer ce qui s’installe en un certain milieu comme une sorte de post religieux.
C’est sans doute le concept désormais bien assis de spiritualisme qui se pense et s’illustre dans cette publication pour former cette idéologie. Il ne suffit pas en effet de disserter sur la mort avérée du christianisme et des autres religions dans ce pays, au moins pour les classes dominantes. Il s’agit de savoir aujourd’hui par quoi ce « passé d’une illusion » est remplacé.
Dans cette nouvelle livraison des Cahiers de l’alliance, le parcours va du travail à l’œuvre, ce dont parla jadis en termes philosophiques Hannah Arendt. Que celle-ci ne soit pas citée n’étonnera personne. En effet, tout ce qui tient à la pensée critique est soigneusement évité. Dans cette publication il s’agit d’un registre où la sensibilité est privilégiée et sous-tend la pensée. Ce genre de pensée était jadis assignée par les hommes aux femmes et l’on comprend dès lors que l’univers masculin qui compose l’obédience qui édite cette publication (La Grande Loge de l’Alliance maçonnique française) ne puisse se confronter au regard féminin pour que ses membres ne paraissent renoncer à leur virilité. La remarque est valable pour toutes les loges masculines, l’argument pouvant être renversé pour les loges féminines.
Nous ne détaillerons pas, faute de place, le contenu des articles de ce nouveau numéro. « Maçons de tous les pays, unissez vous », « Fantaisie écossaise », conçu comme une rhapsodie, « Enseignant ou initié, la récolte ou la rosée ou le travail comme exil », « Médecin et initié, le travail comme dévouement », « Cadres et initiés, le travail au XXIème siècle », « La planification du métier, une typologie de notre temps », « Méditation sur le travail et l’œuvre ».
Les textes citent parfois la notion de transcendance, mais ils nous paraissent respirer constamment l’immanence, laquelle est parfaitement congruente avec l’évolution individualisante de la société qui ne cesse de se confirmer.
Un lecteur nous a jadis reproché sur le blog d’insister sur la qualité de l’iconographie de ces Cahiers. Nous la signalerons cependant une fois de plus, notamment ici, avec les reproductions de tableaux de Klimt, Léger ou Mondrian.
Le prochain numéro des Cahiers de l'Alliance sera consacré au banquet. Nul doute que Platon y sera à l’honneur.
