Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
Ce numéro 681 de la Raison, magazine de la Libre Pensée, met en couverture le refus de cautionner un Service National Universel, considéré comme un outil de militarisation de la jeunesse placé « de manière ahurissante » sous la double tutelle des ministères de l’Éducation et des Armées.
Mais qu’on se rassure, plusieurs pages sont consacrées aux grands classiques de la revue, à savoir les dérives pédophiles de nombreux prélats de plusieurs pays européens et les difficultés d’un nationalisme écossais qui semble se trouver aujourd’hui dans l’impasse.
Suit un article glaçant mais salutaire d’Alain Chicouard sur le Babi Yar, près de Kiev, prologue du génocide des Juifs d’Europe qui eut lieu fin septembre 1941. Un film de Serguei Loznitsa, sorti en 2011, montre ce que fut l’accueil des envahisseurs assassins par les ultranationalistes ukrainiens. Evgueni Evtouchenko fera de ce massacre un poème que Dimitri Schostakovitch mettra en musique dans sa treizième symphonie. On se cultive dans ce magazine.
Notons également l’interview d’Alain Plantiveau, à propos du livre commis par Pierre-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies : Dieu, la science, les preuves. L’auteur montre qu’il n’est pas de débat possible avec les croyants fondamentalistes, dans la mesure où la théologie n’a jamais été une science.
Quant aux anarchistes, ils sont considérés comme increvables, à partir d’un ouvrage de Wally Rosell, Compagnons et camarades chroniqué par Christian Eyschen qui nous détaille un sommaire qu’il qualifie d’alléchant, concluant par un souvenir personnel dans sa bonne ville de Clichy la Garenne.
Georges Douspis nous présente un dossier sur les notions de sobriété et de décroissance pour lequel il plonge dans l’histoire, en montrant que la montée des guerres fait régresser l’espérance de vie et que les très riches ne s’appliquent que rarement leurs injonctions, les bonzes du Vatican compris, qui se piquent de critiquer le consumérisme.
François Chaintron s’insurge contre la normalisation et la marchandisation de la culture. Reprenant ce que furent les frilosités idéologiques du gaullisme, mais aussi le rôle positif d’André Malraux. L’auteur dénonce un entre-soi qui a conduit Anne Hidalgo à désigner Olivier Py à la tête du théâtre du Châtelet.
Martine Subtil s’oppose à ce que l’on sanctifie en Bretagne un certain Morvan Marchal, chantre de la Bretagne bretonnante, condamné à la Libération pour antisémitisme et pousse l’argumentation jusqu’à condamner une régionalisation qui détricoterait la République Une et indivisible.
La revue consacre également un article signé Alain Vauchelles à une réalisatrice bien oubliée, Ida Lupino (1918-1995), cinéaste hollywoodienne née en Grande-Bretagne, héritière de l’expressionisme, qui a travaillé pour le grand et le petit écran et fut aussi comédienne.
Outre un hommage à Arthur Rimbaud, on notera in fine la célébration d’une nouvelle victoire de la Libre pensée contre la statue de la vierge érigée à la Flotte-en-Ré, ainsi qualifiée « Venue de Palestine, cette migrante doit retourner d’où elle vient, n’est-ce pas Monsieur Zemmour ? »
Mois après mois, la Raison déroule sa militance politique et philosophique, pour notre plus grand plaisir, sauf quand elle parle de la guerre en Ukraine et met un signe égal entre Poutine et l’Otan, à la détestable manière de Lutte Ouvrière. Mais la perfection n’existe pas en ce bas monde, sans rime, ni raison…
