Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Renaissance Traditionnelle, numéro 203.
Le meilleur spécialiste du compagnonnage, Jean-Michel Mathonière a encore frappé un grand coup en découvrant un rituel écrit autour de 1700, qui décrit une cérémonie de réception de « Braves compagnons étrangers du Devoir, tailleurs de pierre ». Comme le souligne Pierre Mollier dans son introduction, le fait de retrouver un texte compagnonique antérieur à la diffusion de la franc-maçonnerie est aussi nouveau que passionnant. Il en effet fait référence dans ce texte à Salomon et à son Temple.
Jean-Michel Mathonière nous explique qu’à partir de 1730, de rares archives attestent du fait qu’il existait deux organisations rivales, les « Passants » et les « Étrangers », qui allèrent jusqu’à s’opposer en batailles rangées pour le contrôle de l’embauche et des caisses de solidarité.
L’auteur nous précise également que nombre de ces compagnons furent aussi francs-maçons, et ce dès le début du XIXème siècle, ce qui explique que les rituels de compagnons aient été enrichis. Mais le texte dont il est question dans l’article est antérieur et, de ce fait, assez simple dans son développement. Nous laisserons nos lectrices et lecteurs découvrir ce texte étonnant en indiquant que la revue nous offre également des « Règles concernant les Jeunes Hommes », autre nom donné à l’époque aux compagnons de métier tailleurs de pierre. Rédigé en 1827 à Marseille, il compte 36 articles, alors que son équivalent lyonnais de 1823, également publié dans ce dossier, n’en avait que onze. Pour que la logique du Tour de France soit respectée, Renaissance traditionnelle nous donne aussi à lire un « Rituel de reconnaissance entre les compagnons étrangers et les compagnons du Devoir de Liberté », signé à Montpellier en 1802-1803. Un rare moment de tolérance…
Numéro après numéro, cette vénérable revue noire qui, nous dit-on, devrait bientôt changer de présentation, nous offre un travail de fond, agrémenté d’une magnifique iconographie. Ce dernier numéro rend hommage à Jacqueline Guilly, qui fut la compagne du fondateur de la revue René Guilly auquel la revue a récemment rendu hommage. Mais elle travailla également comme inlassable secrétaire de rédaction et administrative. Elle est disparue en janvier dernier à l’âge canonique de 102 ans. Quant au pianiste devenu à la fois dignitaire et historien de la franc-maçonnerie, Alain Bernheim, il a quitté ce monde pour l’Orient éternel quelques semaines plus tôt, tout jeune, à 91 ans.