Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Commençons par les brèves de ce nouveau numéro de La Raison (n°696), qui traitent toutes de thèmes importants : les Français détenus en Iran qu’il ne faut surtout pas oublier ; l’abandon programmé du service universel, plombé par la Cour des comptes ; une expérience d’uniforme dans des écoles de Limoges qui coûtera 1.000 euros par élève ; une école catholique de Bordeaux en difficulté, suite à l’éviction de son directeur par le rectorat de Bordeaux pour entraves graves à la laïcité ; la violence sexuelle dans les écoles d’Irlande ; le mouvement laïque québécois qui proteste que l’on ait remplacé sur une affiche le Crucifix par un Hidjab ; l’opacité des indemnités après abus sexuels en Espagne ; la suppression des pairs héréditaires à la Chambre des Lords britannique. Tout cela relève de la veille internationale qu’assure la rédaction de La Raison.
Quant aux articles qui suivent, ils sont thématiquement très variés. On commence par l’image de la famille dans le cinéma par Alain Vauchelles, une exégèse féministe et souriante de Patrick Boistier sur « Et Dieu créa l’homme et la femme. L’homme à la ressemblance de Dieu ».
Jean-Marc Schiappa s’intéresse à un jeune cardinal Corse qui a le soutien des communistes locaux et qui vient d’être décoré de la Légion d’Honneur. Quant à Christian Eyschen, il signe un long article sur la liberté d’expression dans l’Islam au cours de son histoire, à travers des livres, des films et plusieurs portraits de penseurs libéraux. Mais l’expression de la libre pensée dans le monde arabo-musulman est aujourd’hui à conjuguer au passé et ce n’est pas demain que les catholiques vieillissants se convertiront. Certains laïques, peut-être. Pour reprendre la très heuristique formule de Philippe Corcuff, nous sommes bien dans la grande confusion.
Il eût été étonnant que l’abbé Pierre n’ait pas eu droit à ce qu’on lui taille une soutane. C’est Gérard Cusin qui s’en charge, qui souligne ce que fut la foncière hypocrisie de cet abbé Marie Joseph Henri Grouès.
Pierre Gueguen a choisi de revenir sur la vie et l’œuvre de Stéphane Zweig (1881-1942). Son attitude « entre la nostalgie du monde d’hier et le rêve des États-Unis d’Europe » l’aura hélas conduit à vouloir se situer au dessus de la mêlée.
Benoit Schneckenburger s’est attaqué à l’émergence de la question morale dans la Grèce antique. Socrate, Epicure, Platon, Aristote, Epictète, tous y passent, ou presque, y compris le grand historien Jean-Pierre Vernant.
Alain Leduc nous offre ensuite une étude sur le rapport de Georges Perros et la peinture dans sa Bretagne chéri. Artiste du fragment et de l’hybride, écrivain et dessinateur aujourd’hui bien oublié, Perros, qui fut ami de Braque et Matisse, méritait bien une redécouverte.
Dernier article de ce numéro particulièrement riche, le portait par Jean-Sébastien Pierre d’Elena-Cornaro Piscopia (1646-1684). Elle participa à l’Académie Ricovrati de Padoue, toucha à la philosophie, à la théologie, mais aussi au clavecin et à la composition.
La revue se conclut par le compte-rendu du Comité général de la Libre pensée du 14 septembre dernier. Celles et ceux qui suivent de près l’activité politique dans un monde qui se délite noteront que les résolutions ressemblent largement à un congrès de la France Insoumise… sauf que LFI ne tient jamais de congrès. Il existe tout de même une spécificité, la lutte anticatholique et la dimension internationale revendiquée (un congrès se tiendra à Grenoble les 10 et 11 octobre 2025). Notons que les résolutions ont été adoptées à l’unanimité, qu’il s’agisse de l’analyse de la situation sociale et politique, de la nécessité d’une assemblée constituante, de l’abrogation de la loi sur les retraites, de la demande de destitution du Président de la République, de la fin des lois anti laïques, passons en, mais n’oublions pas la demande de paix en Ukraine, sur une base un peu russifiante et au Moyen-Orient sur un socle antisioniste.