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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

[Un classique à relire] « La critique de cinéma », de René Prédal (2012)

Jean-Pierre Bacot

C’est un petit ouvrage très dense, publié en 2012 dans la collection « Cinéma 128 » d’Armand Colin. Il est aujourd’hui épuisé, mais réimprimable à la demande. Son auteur, René Prédal, né en 1941, cumule plusieurs compétences: universitaire, essayiste, critique cinématographique, théoricien et historien du cinéma. Aujourd’hui professeur émérite des universités, il a collaboré à Jeune Cinéma, très peu après la naissance du titre en 1964.

L’auteur montre comment la France fut le pays de naissance de cette critique de cinéma, inspirée, mais différente de la critique littéraire, indépendamment de ce qui existait depuis longtemps comme tradition critique et historique dans le pays. Des reproches de subjectivité furent adressés à cette critique dès la naissance des revues spécialisées.

Il s’est agi notamment de Du cinéma, publié en 1928 chez José Corti, devenu La revue du Cinéma dès le numéro 5, à l’initiative de Pierre Kéfer, Jacques Niel et Jean-George Oriol. La revue cessa de paraître en 1932 (29 numéros). Elle reparut sous le même titre entre novembre 1946 et novembre 1949 (19 numéros, le dernier étant double), avant la naissance des Cahiers du Cinéma en avril 1951, revue qui existe toujours, de même que sa concurrente historique Positif, dont le premier numéro parut peu après, en mai 1952.

Hommage étant rendu à Louis Delluc, pionnier des ciné-clubs, et le premier à avoir écrit des critiques dans des périodiques professionnels, et ce dès 1917, et à Jean-Georges Oriol. René Prédal estime que la critique de cinéma est aujourd’hui considérée comme un outil précieux de conservation du patrimoine des films. Il nous explique qu’elle accompagne spectatrices et spectateurs, et aura permis de mener des recherches esthétiques autour de ce que Ricciotto Canudo, italien de Paris, définit le premier en 1911 comme le « septième art ».

L’auteur fait le bilan, après un petit siècle d’existence de la critique, sur ce qu’ont été les batailles parfois construites sur des choix idéologiques, même si la notion de « politique des auteurs » est désormais reconnue comme la méthodologie la plus répandue.

Les quotidiens et périodiques d’opinion ont également fait appel, dès les années 1930, à des plumes acérées mais, aujourd’hui, cette critique semble en crise, tous supports confondus avec ce que René Prédal note comme un divorce entre la réflexion que porte quelques jeunes revues sur le cinéma et son actualité. De plus, et aujourd’hui plus encore que lors de la parution de ce livre, les critiques très nombreuses publiées en ligne brouillent la frontière entre textes universitaires, journalistiques et « autoproclamés », nonobstant les réseaux sociaux où pullulent les avis, et la crise de la presse écrite qui s’est aggravée.

Ce livre constitue en tout état de cause la meilleure synthèse jamais proposée sur une sorte d’exception française, même si, bien évidemment, d’autres pays ont connu le phénomène, mais à une échelle moindre.

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