Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Nos abonnés retrouveront Pierre-Yves Beaurepaire, auteur d'un article : Hiram au Théatre.
Résumé :
La recherche maçonnique a montré depuis plus d’une décennie l’importance du théâtre amateur pour la Maçonnerie de société du siècle des Lumières et ses loges aristocratiques. En revanche, les recherches sur les acteurs professionnels (ou semi-professionnels) francs-maçons sont quasiment inexistantes pour le XVIIIe siècle. Pourtant, la loge est aussi un théâtre avec ses décors, sa dramaturgie, ses mises en scène rituéliques, et l’intervention parfois d’une machinerie complexe. On comprend donc que très tôt la Fraternité a séduit les acteurs. Comme on le verra dans cet article, la recherche (qui n’en est qu’à ses débuts) mérite d’être menée car les circulations d’artistes professionnels et de troupes sont intenses à travers l’Europe au siècle des Lumières comme pendant la Révolution. Le succès du « théâtre français » fait beaucoup pour favoriser ces circulations. Nombre de ces acteurs adhèrent à la Franc-maçonnerie soit avant leur départ soit au cours de séjours à l’étranger, notamment dans l’espace germanique. Ils en deviennent parfois des figures de premier plan dont on suivra l’itinéraire. Ils font par la suite face à la poussée des « théâtre nationaux » qui refusent de faire allégeance à la primauté culturelle française, mais même pendant le temps de l’Emigration et de l’exil révolutionnaire, les circulations ne faiblissent pas.