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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Marseille, un réseaux de sociabilité poétique et maçonnique sous la Restauration (1815-1821)

Un aperçu des activités poético-maçonniques marseillaises au XIXe siècle nous est proposé ici, directement extrait du numéro 4 de la revue.

 

 

Le Cercle académique de Marseille a laissé peu de trace dans l'histoire littéraire et ne semble pas avoir fait l'objet d'investigations d'historiens ou de chercheurs. Par contre, la Française de Saint-Louis est une loge qui a intéressé la riche et longue histoire maçonnique marseillaise[1], mais les personnages qui nous concernent y sont présents à l'état de traces peu perceptibles. Il nous faut donc commencer par recenser et évaluer les mentions éparpillées que nous pouvons retrouver sur ce double sujet (peut-être plus nombreuses que l'on pourrait le présumer), ce qui permettrait dans une démarche ultérieure de diriger avec précision des investigations plus poussées dans les archives ou la presse locale. Notre premier effort sera de réunir et d'ordonner les pièces d'un dossier dispersé.

 

Le Cercle académique de Marseille de Jean-Baptiste Grange fils

L'annonce de sa fondation paraît fin septembre 1820 dans la presse parisienne : « Une nouvelle société littéraire vient de se former à Marseille, sous la dénomination de Cercle académique. Elle est présidée par M. Grange. Qui donc est M. Grange ? un jeune auteur qui a remporté l'année dernière trois prix, deux à l'académie de Marseille et un à celle de Lyon. »[2]

Nous n'avons pas trouvé d'annonce de ce genre dans le Journal de Marseille à la même époque qui, pourtant, annonçait les succès académiques de Grange en 1819[3]. Nous tâcherons d'en comprendre la raison par la suite. Une annonce plus détaillée est insérée peu après, dans un autre journal de Paris [dans toutes nos citations, nous conservons l'orthographe d'origine] : « Marseille (Bouches-du-Rhône).  Cercle académique.  Il s'est formé dans cette ville une nouvelle société littéraire, sous le titre de Cercle académique. Elle est composée, en grande partie, de jeunes auteurs qui, animés par l'enthousiasme de la littérature et des beaux-arts, et voulant cultiver en commun leurs talens, se sont réunis en corps, sous la présidence de M. Grange qui, l'année dernière, a obtenu trois palmes académiques, dont deux à Marseille et une à Lyon. »[4].

Les annonces mettent en avant le nom de Grange, président du cercle et son principal animateur. Ce personnage central est le lien primordial, nous semble-t-il, entre le Cercle académique et la Française de Saint-Louis, dont il a été un membre très actif.

Jean-Baptiste Henri Amédée Thérèse Grange[5] est né le 9 février 1795 à Asti (Piémont). Il est fils d'Antoine Henri Boniface Grange, notaire, né à Aix le 19 février 1769, demeurant à Marseille Cours n°16. Il perd sa mère Marguerite Allamelle le 12 germinal an IV (1er avril 1796), à Marseille. Son nom figure deux fois dans le palmarès de distribution des prix du lycée de Marseille, le 8 septembre 1808 (second accessit de version latine et second accessit de mémoire latine[6]). Il se marie le 17 août 1815 avec Adélaïde Lombard, née à Strasbourg le 20 messidor an IV (8 juillet 1796), demeurant avec sa mère à Marseille, rue Paradis n°54. Parmi les témoins du mariage, relevons le nom de Benoit Marie Antoine Aycard, 48 ans, négociant, rue des beaux-arts n°24. Le père de Marie Aycard est donc très lié aux Grange (on peut faire l'hypothèse que l’un est le notaire de l’autre). Deux enfants naissent, Louise Anne, le 8 mai 1816 (le père, propriétaire, demeure alors rue de l'Arbre, n°21) puis Henri Louis Frédéric, le 22 mai 1819 (son père est alors « étudiant en droit » et il habite Cours n°16). Jean-Baptiste Grange prend ensuite la succession de la charge notariale de son père. Notons que celui-ci se remarie le 17 juillet 1816 avec Antoinette Ramon, née le 30 janvier 1776. De nouveau Benoit Marie Antoine Aycard est témoin à ce second mariage (il habite alors rue Sénac, n°33). Grange fils meurt le 23 février 1826, à l'âge de 31 ans[7]. Ayant acquis une certaine notoriété pour ses activités littéraires[8], des notices sont imprimées dans les dictionnaires biographiques de Quérard vers 1830 (La France littéraire, III, p. 449), de Michaud en 1839 (Biographie universelle, tome 17, p. 350-351) ou Hoefer ; elles se recopient et le font naître à Marseille. Sa notoriété est encore suffisante pour lui accorder une entrée dans le Larousse du XIXe siècle (tome 8, 1872).

La création du Cercle est évoquée par Louis-François Jauffret (1770-1840), historien et bibliothécaire de Marseille, membre de l'Académie de Marseille, témoin de l'histoire culturelle locale, éditeur lui-même d'un recueil poétique, la Ruche provençale (1819-1822, 6 volumes). « En 1820, quelques jeunes gens studieux et pleins d'avenir, formèrent à Marseille une Société littéraire, sous le titre de Cercle académique. Cette Société n'eût malheureusement que deux ou trois ans d'existence mais elle porta son fruit. Des hommes d'un rare mérite en sortirent, dont quelques-uns brillent aujourd'hui à la tribune ou tiennent un haut rang dans la littérature. La mort en a enlevé quelques autres car la mort ne regarde pas à l'âge, et choisit indifféremment ses victimes dans les vieilles académies comme dans les jeunes réunions littéraires. Dans les six premiers mois de 1821, le Cercle académique de Marseille publia, non pas des Annales de littérature et de philosophie, mais des études littéraires sous le titre de l'Alcyon[9]

 

L'Alycon, études littéraires

L'introduction du recueil expose ses objectifs, qui sont à chercher dans une réaction à l'esprit commercial qui s'est emparé de la ville[10] : « Le but de son institution et l'intention de ses fondateurs ont été de réveiller le goût de la littérature et des arts dans une ville où les occupations du commerce tendent continuellement à l'affaiblir.

« Marseille, non moins célèbre autrefois par l'étendue de ses relations commerciales que par l'urbanité et l'instruction de ses habitans, a depuis long-temps perdu cet éclat dont elle brillait aux yeux de toutes les nations, qui venaient puiser à son école les principes que les Grecs, ses fondateurs, lui avaient transmis, et dont elle avait su faire, selon les expressions de Tacite, une heureuse alliance avec la simplicité provinciale.

« L'esprit mercantile s'est emparé de toutes les classes de cette cité populeuse. Ce n'est plus cette fille des Phocéens, cette sœur de Rome, cette rivale d'Athènes que l'étranger vient visiter ; l'intérêt seul l'appelle dans ses murs ; il vient y disputer le prix des marchandises qu'il importe, et ne conserve d'autre souvenir que celui des bénéfices qu'il a faits ou des pertes qu'il a éprouvées. »

Mais le Cercle académique veut aussi réagir à l'invasion par la politique du champ de préoccupation des Marseillais et, au sortir d'une longue période de troubles et d'effervescences, le besoin se fait sentir d'un retour aux belles-lettres.

« A cette cause particulière de la décadence du goût des lettres, est venue se joindre cette tendance vers les matières politiques dont tous les esprits ont reçu l'impulsion.

« Il a été en effet impossible à tout homme éclairé de rester indifférent aux événemens qui depuis plus d'un quart de siècle se sont succédés avec tant de rapidité. La curiosité d'une part, l'intérêt de l'autre, ces deux grands mobiles, ont fait agir tous les ressorts de l'imagination. Chacun a dû adopter un parti, s'intéresser à ses succès comme à ses revers, en calculer toutes les chances ; et l'étude des belles-lettres a été négligée ou considérée comme secondaire, en comparaison des hautes abstractions de la politique, que tous se sont crus appelés à discuter.

« Toutefois le feu sacré n'est pas encore éteint. Cet ardent amour des lettres dont nos compatriotes étaient jadis si fiers, n'est pas incompatible avec cet amour de la patrie, dont ils étaient si jaloux. Laissons agir le temps, qui souvent répare lorsqu'il semble détruire ; il fera revivre parmi eux le goût des sciences, de la littérature et des arts, et Marseille est peut-être destinée à redevenir un jour ce qu'elle fut autrefois.

« Mais il était important de favoriser ce retour désirable, par un exemple qui pût faire impression sur l'esprit de nos concitoyens, et c'est pour donner cet exemple, que plusieurs jeunes gens se réunirent pour fonder un établissement où ils pourraient se livrer à l'étude des belles-lettres. Les encouragemens des hommes éclairés de cette ville et la protection des Autorités, ont secondé cette entreprise, dont l'utilité a été généralement sentie. »[11].

Quant au titre de L'Alcyon, il l'emprunte au nom d'un oiseau « qui fait son nid sur le bord de la mer lorsqu'elle est calme ». S'appuyant sur une citation de Montaigne (dont il emprunte les termes mis en italiques[12]), le rédacteur écrit : « Comme le nid de l'oiseau dont il porte le nom, notre recueil composé de morceaux conioincts et liés ensemble, formera un vaisseau prêt à voguer sur la mer où nous le lançons.

« Quand nous aurons parachevé de le construire, nous le porterons au battement du flot de la critique, qui, nous l'espérons, le battant tout doulcement, nous enseignera à radouber ce qui n'est pas lié et à mieulx fortifier aux endroicts où nous verrons que sa structure se desmeut et se lasche.

« Mais ces coups nous estreindront et serreront de telle sorte que rien ne nous puisse ny rompre ny dissouldre si ce n'est à toute peine.

« On nous pardonnera cette allégorie ; elle peint l'union et l'intimité qui règne parmi nous, et notre confiance dans le jugement des hommes éclairés, auxquels nous livrons les premiers fruits de nos travaux. Nous accueillerons avec une égale reconnaissance leurs critiques et leurs encouragemens. »[13]

 

L'Alcyon et la librairie Camoin

La librairie Camoin frères, dont nous allons souvent croiser le nom, est située place Royale (aujourd'hui place Charles-de-Gaulle), entre la Canebière et la rue Vacon. C'est l'épicentre intellectuel de la ville dans les années 1820.

Etablie à partir d'un cabinet de lecture en 1815, Camoin est la grande librairie de la ville, à la fois bibliothèque de prêt et lieu de vente. Parler de cabinet de lecture sous-entend, sous la Restauration, qu’il s’agit d'un foyer de contestation libérale[14]. Un rapport de police de 1830 constate : « Camoin, Place Royale, 3 : Il professe de très mauvais principes politiques. Il tient un cabinet littéraire qui est le rendez-vous des libéraux les plus exaltés. »[15]. Parmi la dizaine de libraires de la ville évalués dans le rapport (dont Masvert, Chaix, Chardon, Dubié, Mossy etc.), seuls deux cabinets de lecture, Camoin et Dutertre, sont mal notés. A la mort de Camoin en 1840, sa femme reprend l'activité, à laquelle elle était associée depuis plusieurs années.

Son histoire est contée dans le Conducteur de l'Étranger dans Marseille (1847, 2e édition)[16] : « LA LIBRAIRIE FRANÇAISE ET ÉTRANGERE, le cabinet littéraire de madame Camoin, rue Canebière, sont, sans contredit, ce que Marseille offre de mieux en ce genre. Cet établissement, formé en 1815, et qui, dès son début, pouvait répondre à toutes les exigences, a reçu journellement les soins et les additions qui l'ont fait parvenir au point où il est actuellement. Situé au centre de la ville, à proximité des principaux hôtels, et par conséquent à la portée des voyageurs, on y trouve la réunion de tous les ouvrages de quelque importance, tant français que dans les langues étrangères. Toutes les nouveautés qui se publient à Paris y sont envoyées aussitôt leur mise en vente et données en lecture.

« Les salons du cabinet offrent aussi aux abonnés les journaux politiques et littéraires de Paris et des départements ; les deux journaux publiés en anglais à Paris par MM. Galignani, l'Athenæum de Londres, l’Eco del Comercio de Madrid, la Gazette d’Augsbourg, les revues de la capitale et des départements, et toutes les brochures de circonstance. Ajoutons à ces détails qu'on est certain de trouver dans cet établissement exactitude et célérité pour la réception des ouvrages dont on le charge de faire la demande à Paris.

« Le prix de l’abonnement à ce cabinet est de 4 francs par mois pour les livres, 2 francs pour les journaux, et 5 francs pour les livres et les journaux. Le prix de la séance est de 25 centimes. On peut emporter pour lire chez soi les ouvrages mis en lecture moyennant un cautionnement de 10 francs. »

Camoin est aussi libraire-éditeur, il vend les nouveautés françaises et diffuse les périodiques qu'il met en lecture dans son cabinet. Il est associé dans de nombreuses affaires d'édition avec des éditeurs parisiens comme Lecointe et Durey, Brissot-Thivars (futurs éditeurs de Marie Aycard), etc. Les éditeurs parisiens ont organisé un réseau de libraires étendu à la France entière, afin de distribuer leurs productions dans tous les domaines.

A Marseille, Camoin propage aussi les publications provençales. Réciproquement, les libraires parisiens s'approvisionnent chez Camoin en productions locales.

C'est ce que nous apprend la Bibliographie de la France en annonçant la publication de L'Alcyon en ces termes[17] : « L'Alcyon. Etudes littéraires du cercle académique de Marseille. Première livraison. In-8° de 3 feuilles et demie. Imprim. de Guion, à Marseille. On souscrit à Paris, chez Béchet aîné, et chez Durey et Lecointe ; à Marseille, chez Camoin frères ; à Lyon, chez Bohaire et chez Manel ; à Bordeaux, chez madame Bonnet-Dutray. — Il paraîtra une livraison de trois feuilles dans la première quinzaine de chaque mois. Le prix, payable d'avance, est, par an, de 20 fr. »[18]

Voilà décrit le réseau de diffusion de L'Alcyon ; chose d'ailleurs naturelle et qui se retrouve sur nombre de livres et de périodiques de l'époque. Un Alphonse Rabbe a su profiter de ce réseau lorsqu'il est parti s'établir à Paris, après l'échec du Phocéen en 1820[19], première tentative de journal libéral, avant le lancement du Caducée par les frères Méry et Girard, à la fin de la même année. Parvenu à Paris après avoir été inquiété par les autorités marseillaises, Rabbe entrera en relation avec Lecointe et Durey pour rédiger des « résumés historiques »[20].

On mentionne l'établissement brièvement dans l'Histoire de la librairie française (2008) en ces termes : « En 1825 [sic], selon Le Guide marseillais, le libraire Mathieu Camoin apparaît sur la place. Cette maison, l'un des piliers de la librairie marseillaise du XIXe siècle, publie notamment un ouvrage qui fait date et référence, Les Rues de Marseille d'Augustin Fabre. »[21]

La librairie Camoin vend et diffuse des publications de toute nature et dans tous les domaines, comme les Œuvres choisies de M. de Belsunce, évêque de Marseille (Metz, Colignon, 1822), le Dictionnaire des sciences médicales (Panckoucke, 1819-1822), les œuvres de Racine, Corneille, Delille[22], des pamphlets politiques ou religieux (Lamennais, Essai sur l'indifférence en matière de religion, 1820), etc.

La librairie souscrit pour deux exemplaires des Recherches sur les ossemens fossiles de Cuvier (Dufour et d'Ocagne, 1824-25) mais pour 54 exemplaire des Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français de 1792 à 1815 de Charles-Théodore Beauvais (Panckoucke, 1822) prévoyant une vente ou une location en conséquence. Elle édite nombre d'ouvrages d'histoire locale, tel L'Hermès marseillais ou le Guide des étrangers à Marseille (1826).

Tous nos poètes fréquentent l'établissement Camoin qui, en outre, a pu leur servir de point de ralliement, de recrutement, de rendez-vous ou de boîte aux lettres. Il fait d'ailleurs l'objet d'un article descriptif et satirique publié dans L'Alcyon, signé H.ius C., un des membres du cercle[23].

 

Jean-Baptiste Daumier, vitrier-poète

Le Cercle académique de Marseille se manifeste principalement par la publication de sa revue durant le premier semestre de 1821. Ses auteurs se cachent tous sous des initiales afin de recueillir la critique de leur « études littéraires » avec impartialité.

Relevons les diverses initiatives lancées par le Cercle qui sont parvenues jusqu'à nous :

Le 19 janvier 1821, il décerne le titre de « Membre correspondant » à « M. Daumier, homme de lettres ». On sait peu de choses de Jean-Baptiste Daumier[24], père du célèbre caricaturiste. Voici la notice que lui consacre le dictionnaire biographique des Bouches-du-Rhône : « DAUMIER (Jean-Baptiste ; Marseille ou Béziers ; 17...-18..). C'était un pauvre vitrier auquel l'ironie du sort avait départi un goût très vif pour les Arts et les Lettres. On n'a aucun renseignement sur sa jeunesse. En 1815, il partit sans ressources pour Paris, avec son fils Honoré, le futur Maître de la caricature française pendant près d'un demi-siècle, il y trouva des protecteurs, parmi lesquels Louis XVIII, dit-on, et y fit imprimer deux poèmes que G. de Flotte met au-dessus des œuvres du menuisier Adam (de Nevers), et qu'Arsène Alexandre préfère à celles de Reboul (de Nîmes). Si la première assertion est discutable, la seconde ne l'est guère. Il vivait encore en 1836 ; nous n'avons pu trouver la date de sa mort. »[25]

Jauffret juge assez sévèrement sa tragédie Philippe II dans La Ruche provençale, ainsi que l'auteur anonyme du compte-rendu de la Revue encyclopédique[26], mais Daumier obtient un jugement plus indulgent de la part de E. Héreau qui, rendant compte des Veilles poétiques dans la Revue encyclopédique, se demande quelle est la situation du poète à ce jour[27].

Bien que son recueil de 1823 publié à Paris ait été distribué dans sa ville d'origine par Camoin, il ne semble pas que Daumier père y a fréquenté son cabinet de lecture[28] ; il ne demeure qu'un lointain « membre correspondant » du Cercle académique de Marseille.

...... Retrouvez l'intégralité de l'article dans le numéro 4 de la revue.

 


[1] René Verrier, La Mère Loge écossaise de France à l'Orient de Marseille (1751-1814) : Esquisse historique, présentée par le Tr. Ill. Frère Michel Dumesnil de Gramont, Marseille, Editions du Centenaire, 1950, [xiv]-95 p. ; Félix Chevrier & Antoine Alessandri, La "Réunion des amis choisis" et ses sœurs de l'Orient dans la vie hermétique de Marseille sous quatre rois, deux républiques, deux empires, préface de Francis Viaud, Grand Maître du Grand Orient de France, Paris, Ed. du cent-cinquantenaire, [1952], 435 p. (désormais : La Vie hermétique de Marseille) ; Jean-Charles Cagniat & Philippe Cyrnaqua, La Franc-Maçonnerie marseillaise au XIXe siècle (Marseille 1995), pseudonymes de Jean-Baptiste Nicolaï & Philippe Subrini, texte mis en ligne par ce dernier en 2009 (www.france-spiritualites.fr ou franc-maconneriemarseille.blogspot.fr/). Voir aussi la conférence de René Bianco, « La Mère Loge Écossaise de Marseille », au Colloque bi-centenaire à Marseille, « Origine, Essor, Développement du REAA », 22 mai 2004 (en ligne, sog1.free.fr/ColloqueMarseille.htm).

[2] Journal des théâtres, de la littérature et des arts n°161, 25 septembre 1820, p. 4.

[3] « M. Grange fils, de Marseille, à qui l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de cette ville, a décerné cette année un prix d'encouragement, pour son Eloge de l'abbé Féraud, vient d'obtenir l'accessit à l'Académie de Lyon, pour son Eloge de M. Poivre » (Journal de Marseille et des Bouches-du-Rhône n°28, 18 septembre 1819). Avec ces précisions dans le numéro suivant : « En annonçant que M. Grange fils, de cette ville, a obtenu, à Lyon, l'accessit pour son Eloge de M. Poivre, nous nous sommes bornés à rappeler qu'il avait remporté un prix à Marseille pour son Eloge de l'abbé Féraud : nous aurions dû rappeler encore que son poëme intitulé : l'Ombre de Cicéron, avait obtenu, à la même époque, et à la même Académie, la seule mention honorable qui ait été accordée cette année. De pareils succès forment en littérature un début assez remarquable pour que nous négligions d'en féliciter le jeune écrivain qui a eu le rare avantage de le cumuler presque sans efforts, qui promet d'honorer un jour sa patrie par d'utiles travaux, et qui joint à un mérite solide la modestie qui sait le faire pardonner » (ibid., n°29, 22 septembre 1819).

[4] Revue encyclopédique, ou analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans la littérature, les sciences et les arts, tome VIII, 22e cahier, octobre 1820, p. 204.

[5] Sources pour ces détails généalogiques : Archives départementales des Bouches-du-Rhône, en ligne.

[6] Document reproduit dans Pierre Echinard, Le Lycée Thiers, 200 ans d'histoire, Edisud, 2004, p. 20).

[7] « A peine âgé de trente ans, ce jeune littérateur, que plus d'une palme académique avait accompagné dans le sanctuaire des Muses, commençait à goûter le fruit de ses essais : à peine les chants de sa jeunesse avaient-ils cessé, qu'ils furent pour lui le chant du cygne. Ses poésies légères, ses discours, ses éloges couronnés, enfants d'une douce mélancolie, redisaient sans cesse ces vagues et sombres inspirations, dont la Providence est rarement avare envers les âmes paisibles qui semblent se disposer à les accomplir ; mais ces prévisions de fatal augure n'altéraient nullement les belles qualités de l'esprit de notre aimable confrère, et son cœur, noble modèle de l'amour filial et du bonheur conjugal, ne s'épanchait pas avec moins d'effusion dans le sein de l'amitié : hâtons-nous de dire, toutefois, qu'un plus grand nombre d'années n'eût pu rien ajouter ni à la maturité de son talent, ni à ses vertus privées. » (Jean Baptiste Lautard, Histoire de l'Académie de Marseille, 3e partie, depuis l'année 1826 jusqu'à l'année 1836, Marseille, Achard, 1843, p. 8).

[8] Jean-Baptiste-A. Grange, auteur d'un Éloge de M. l'abbé Féraud, couronné par l'Académie de Marseille dans sa séance du 29 août 1819 [Signé : Grange fils]. Suivi de Éloge de M. Poivre ; L'Ombre de Cicéron, Marseille : impr. de Guion, 1819, in-8, 97 p., d'un Éloge de Vauvenargues... [Signé : G. (Grange fils)], Marseille : impr. de G. Guion, 1822, in-8, vi-31 p., et d'Essais littéraires, Paris : impr. de Lebel, 1824, 2 vol. in-12, qui réunissent ses œuvres de jeunesse en les dédiant à son fils Henri. Le volume I réunit ses Elégies, ses Epitres, des Prosopopées et Odes, des Poèmes (41 pièces). Le volume II réunit Éloge de l'abbé Féraud, Éloge de M. Poivre, Éloge de Vauvenargues, Eloge de Belsunce, Essai sur les romans, Essai sur le sonnet, Discours de réception à l'Académie de Marseille, Réponse du président (Réguis).

[9] Louis-François Jauffret, Correspondance inédite de L.-F. Jauffret, publiée par Robert Reboul, Draguignan, impr. de C. et A. Latil, 1874, 205 p. [Gallica] (p. 131). Sur la page de titre, Jauffret est qualifié de « Bibliothécaire de Marseille, Conservateur du cabinet des Médailles et Antiques, Secrétaire perpétuel de l'Académie pour la classe de Littérature, d'Histoire et pour celle des Beaux-Arts ». Son neveu Robert Reboul (mort en 1905), lui aussi bibliothécaire, s'est occupé de la mémoire de son oncle, publiant plusieurs livres, dont une biographie, Louis-François Jauffret, sa vie et ses œuvres, Paris, Baur et Detaille, 1869, xi-147 p., portrait. Avec appendices, notices, lettres, rapports et documents inédits concernant la famille Jauffret [Gallica].

[10] « Marseille possède de bonnes fabriques de savon, de maroquin, de parfumeries, des raffineries de sucre. Elle commerce en olives, huiles, denrées coloniales », liste complétée dans les éditions suivantes : « parfums, essences, fruits secs et confits, vins, eaux-de-vie, anchois renommés, thon mariné » (Reichard, Guide classique du voyageur en France, dans les Pays-Bas et en Hollande, Audin, 1827, p. 292 ; Richard, Guide classique du voyageur en France et en Belgique, Audin, 1829, 1834, p. 407 ; autres éditions en 1835, 1841, 1844, 1850...). La population de la ville grimpe de 96.000 ha. (1827) à 146.000 ha (1844).

[11] C... L., « Introduction », L'Alcyon, études littéraires du Cercle académique, Marseille, de l'imprimerie de Guion, rue d'Aubagne, 1821, vi-315 p., table et errata. L'Alcyon (six numéros de janvier à juin) est numérisé à la fois par Gallica et par Google Books (exemplaire de Columbia University, New York).

[12] Montaigne, Essais, Sur les nids des halcyons, Livre II, chap. XII. Editions consultées : Essais de Michel de Montaigne, nouvelle édition, A Paris, chez Lefèvre, libraire, 1818, tome III, p. 87-88. Essais de Montaigne, publiés d'après l'édition la plus authentique, et avec de sommaires analyses et de nouvelles notes, par Amaury Duval, Paris, chez Chassériau, 1820, tome III, p. 103-105 (Montaigne se réfère à Plutarque, De Solertia Animal, chap. XXXIV).

[13] C... L., « Introduction », Ibid. On ignore l'identité de C... L. Serait-il Camoin, libraire ?

[14] Françoise Parent-Lardeur, Les Cabinets de lecture, la lecture publique à Paris sous la Restauration, Payot, 1982, 201 p.

[15] Robert Maumet, Au Midi des Livres, ou l'histoire d'une liberté : Paul Ruat, libraire 1862-1938, Marseille, Tacussel Éditeurs, 2004, 429 p. (p. 46).

[16] Conducteur de l'Étranger dans Marseille, Deuxième édition, Marseille, chez tous les libraires, 1847 ; Paris, L. Maison, libraire, éditeur des Guides-Richard, rue Christine, p. 128.

[17] Bibliographie de la France n°5, 3 février 1821, notice n°493, p. 75.

[18] Même annonce dans la Revue encyclopédique, tome IX, 26e cahier, février 1821, p. 373, notice n°160.

[19] Lucienne de Wieclawik, Alphonse Rabbe dans la mêlée politique et littéraire de la restauration, Nizet, 1963, p. 179 et passim.

[20] Joseph Méry, « Les jeunes de 1827 », Les Uns et les autres, Michel Lévy, 1864, 347 p. (p. 31-53). Souvenirs sur l'hôtel du Harlay à Paris, Rabbe, Félix Bodin, Armand Carrel, etc.

[21] Robert Maumet, « La librairie à Marseille », dans Patricia Sorel, Frédérique Leblanc, Histoire de la librairie française, Cercle de la Librairie, 2008, p. 112.

[22] Le mémorialiste J. Cauvière (voir ci-dessous) évoque un « trait de vraie poésie » qui « n'aurait pas été désavoué par le classique Delille, dont l'ombre vénérable restait encore alors maîtresse de la poésie didactique », Le Caducée, souvenirs marseillais, I, p. 21).

[23] H.ius C. [Helvétius Chabas], « Chronique. Les cabinets littéraires », L'Alcyon n°6, juin 1821, p. 306-315.

[24] Jean-Baptiste Daumier, ancien vitrier, poète-ouvrier, père d'Honoré Daumier, auteur de Un matin de printemps, poëme, Paris, chez l'auteur (rue de l'Hirondelle n°24) et chez tous les marchands de nouveautés, 1815, 27 p., in-8 ; Philippe II, tragédie en 5 actes et en vers, Paris, chez les marchands de nouveautés, 1819, 76 p., pet. in-4 ; Les Veilles poétiques, par J.-B. Daumier (de Marseille), Paris, A. Boulland, 1823, in-12, 238 p. Sur cette nomination, voir Jean Cherpin, L'Homme Daumier, un visage qui sort de l'ombre, Arts et livres de Provence, 1973, p. 27, 42 ; Robert Fohr, Daumier sculpteur et peintre, Adam Biro, 1999, p. 26, 132 ; Renaud Muselier, Daumier, artiste frondeur, Marseillais rebelle, Plon, 2008, p. 39 (« Alors que la France des années 1820 connaît à la fois un essor économique et une forte agitation politique, la situation de la famille Daumier ne s'améliore guère et Jean-Baptiste ne parvient toujours pas à s'imposer dans les milieux littéraires parisiens. Au début de l'année 1821, il reçoit bien une distinction honorifique, mais elle lui vient du Cercle académique de Marseille qui lui décerne le 19 janvier le titre de « membre correspondant ». Ce n'est ni la gloire ni la fortune, juste une récompense morale pour un homme entièrement voué à la littérature et toujours contraint de se débattre dans les problèmes de subsistance »).

[25] H. Barré, Les Bouches-du-Rhône : encyclopédie départementale, dir. Paul R. Masson, 1913 vol. XI, p. 156. Nombreuses références bibliographiques (en ligne sur e-corpus/mejanes, fonds de la Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence). Voir aussi Gaston Picard, « Daumier père et Daumier fils », La Revue mondiale, vol. 190, 1er mars 1929, p. 68-72 ; Bernard Lemann, « Daumier père and Daumier fils », Gazette des beaux-Arts (New York), vol. XXVII, mai 1945, p- 297-316. Lemann signale (d'après A. Grass-Mick, La Lumière sur Daumier, Etudes sur l'artiste et son œuvre. Mises au point. Histoire de sa maison natale, avec plans et croquis schématiques de l'auteur, Marseille, A. Tacussel, 1931, 84 p.) que Daumier père est né à Marseille en 1777.

[26] L. F. Jauffret, « Sur la tragédie de Philippe II, composée par M. Daumier, de Marseille », La Ruche provençale, recueil littéraire, volume 6, 1822, p. 66-74. « Philippe II tragédie en cinq actes et en vers, par M. Daumier, vitrier, de Marseille. Paris, chez l'auteur, marché aux Fleurs, n° 9, et chez les marchands de nouveautés », Revue encyclopédique, tome V, 1820, p. 176-177.

[27] E. Héreau, « 324. — Les veilles poétiques ; par J. B. Daumier (de Marseille). Paris, 1823 ; Auguste Boullaud et comp. ; Marseille, Camoin frères. In-12 de 238 pages », Revue encyclopédique, tome XIX, juillet 1823, p. 698-99 : « Il y a sept ans, M. Daumier occupa quelques instans les trompettes de la renommée ; pendant quinze jours, les journaux de la capitale ne parlèrent que du vitrier-poète, qui devint le sujet du toutes les conversations, dans nos cercles littéraires et dans nos salons. Bientôt, cette espèce d'engouement passa. Mais M. Daumier avait pu croire que la singularité n'était pas la seule cause de ses succès passagers ; il avait publié la tragédie de Philippe II, et son Matin du printems. (Voy. Revue Encyclopédique, Tom. V, pag. 176.) On pouvait fonder quelques espérances sur le talent peu commun qu'annonçaient dans l'auteur ces deux productions et que perfectionneraient des études sérieuses et suivies ; M. Daumier enfin devait se croire digne d'obtenir des encouragemens, et il méritait plus que de la curiosité de la part des puissans du jour. Aussi remarquable, mais moins sage que le menuisier de Nevers, il avait quitté une profession utile pour les fumées de la gloire, et quelque tems après il s'en repentait bien amèrement. C'est du moins ce qu'il nous apprend (pag. 112-115), dans des stances à sa muse, composées en 1816 (…). L'éditeur ne nous instruit point de la position où se trouve aujourd'hui l'auteur de ces vers ; mais son recueil renferme une ode présentée au roi et une épitre à l'empereur Alexandre, une autre à M. de Marchangy. On peut se livrer à la douce pensée que M. Daumier aura obtenu quelque poste où il se rend utile à son pays et à sa famille, en même tems qu'il consacre aux muses et à nos plaisirs les instans de loisir qu'il lui laisse. Car, à quoi servirait d'approcher les grands et de leur parler, si l'on n'en revenait consolé ? De quelle utilité seraient aux heureux de la terre la puissance et la fortune, s'ils ne l'employaient à faire du bien ? ».

[28] Comme le suggère Lucienne de Wieclawik, Alphonse Rabbe dans la mêlée politique et littéraire de la restauration, Nizet, 1963, p. 179.

Marseille, un réseaux de sociabilité poétique et maçonnique sous la Restauration (1815-1821)
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A
On a encore beaucoup à apprendre sur le passe oublié de Marseille ...
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