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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Images du maçon dans le cinéma français 2/4

Images du maçon dans le cinéma français 2/4

Du secret à la sécularisation

Julien Vercel

Seulement trois films français mentionnent un maçon : L'Âge d'or de Luis Buñuel (1930) ; Z de Costa-Gavras (1969) et Coup de torchon de Bertrand Tavernier (1981). Les écarts entre leurs dates de production justifient le différent statut du dévoilement...

Près de quarante ans séparent L’Âge d’or de Z et, de 1930 à 1969, le dévoilement de la qualité de maçon sert deux discours opposés. « L’homme » de Luis Buñuel révèle son identité de maçon pour échapper à la police : « J’en ai assez. Vous ne savez pas à qui vous avez à faire, je vais vous montrer qui je suis ». Et d’ailleurs, cela fonctionne puisque les deux policiers examinent le diplôme, puis laissent partir l’homme... qui s’empresse alors d’aller renverser un aveugle sur le trottoir d’en face avant de s’engouffrer dans un taxi. Le dévoilement est donc solennel, accompagné de « papiers » officiels, et il est fait dans un but d’autorité.

Tout le contraire de ce qui se passe dans Z. Le maçon se retrouve dans une pièce juste avant le meeting, seul avec le député et le secrétaire de son comité (Bernard Fresson). C’est ce dernier qui s’étonne de le voir là et qui lui demande alors qui il est. Le maçon répond simplement, presque comme une évidence : « Moi, je suis maçon ». Cela suffit pour que plus personne ne lui pose de questions, sa qualité suffit à justifier sa présence.

Plus tard, le maçon ne lâche plus le député : il l’applaudit quand il pénètre dans la salle du meeting et il le suit lorsqu’il se fait matraquer par un assassin juché à l’arrière d’un triporteur. C’est encore le maçon qui court derrière le triporteur, monte sur la plate-forme arrière et se bat avec les deux complices, Vago (Marcel Bozzuffi) puis Yago (Renato Salvatori). Devant le juge d’instruction (Jean-Louis Trintignant), il n’hésite pas à témoigner que Yago détenait une matraque du même type que celle de la police, prouvant la collusion des assassins avec les forces de l’ordre.

Entre L’Âge d’or et Z, le changement d’époque est complet : la franc-maçonnerie perçue comme une société secrète et d’influence au service d’une cause toute personnelle en 1930 est complètement sécularisée, presque banalisée, et sert une cause collective en 1969. Dans Coup de torchon, l’accusation portée contre les maçons ne suscite pas de commentaires particuliers, comme pour prouver que cette accusation était répandue, voire banale, en 1938. Le dévoilement n’est donc plus un enjeu. Il n’en est pas de même pour le rapport avec l’ordre.

... à suivre

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