Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Bruno Guichard
Depuis avril 2013 des associations culturelles, des associations d’aide aux migrants, des compagnies d’artistes, des individus, des chercheurs des agglomérations lyonnaise et grenobloise, se sont retrouvés pour engager une réflexion publique sur les multiples enjeux de l’interculturel dans la société française contemporaine sous la thématique « Altérité, universalité : quel monde pour demain ? Nous faisons nôtre cette réflexion de Patrick Chamoiseau : Le Monde n’est pas seulement à habiter, mais aussi à inventer ».
Notre manifeste parmi ces nombreux héritages, s’appuie sur les réflexions et pratiques du Conseil de l’Europe qui a initié une Charte des cités interculturelles dont la Ville de Lyon est signataire.
Les quelques idées fortes du manifeste :
Les contradictions que vit le monde contemporain mettent en péril un certain nombre de droits et d'acquis sociaux, politiques et culturels. Ces acquis sont le fruit de plusieurs décennies de luttes contre la misère et pour faire respecter les principes de l’égalité, de la justice et de la dignité humaine.
La crise est le cadre dans lequel les questions sociales et culturelles se posent aujourd'hui, mais cette crise n'est pas seulement à penser en termes de redistribution : c'est une transformation, une mutation profonde de nos sociétés qui est en jeu. Une « mutation anthropologique » est à l'œuvre.
Nous inscrivons nos engagements dans des héritages sociaux, culturels, politiques et intellectuels qui défendent pour l'essentiel le libre-arbitre dans le partage, la rencontre et la relation et la responsabilité d'être ce que nous voulons en dehors de ce que l'on veut faire de nous.
L'usage que nous faisons du terme interculturel interroge les frontières, toutes les frontières : politiques et policières des États ou des agglomérats d’États, idéologiques des représentations, des identités et des structurations hiérarchiques, voire scientifiques des prétentions « primordialistes » qui hiérarchisent les êtres humains.
Nous constatons que les aspects de la multiculturalité sont le plus souvent ignorés, ou déniés au profit d'une gestion à court terme de ses effets stigmatisants, notamment à travers la tentation de segmenter le territoire en espaces distincts créant des frontières sociales visibles et invisibles.
Notre préoccupation majeure est de promouvoir une idée renouvelée de l'universalité : qui ne soit plus pouvoir ou toute-puissance d'un ordre mondial mercantile, socialement et culturellement injuste, mais une « diversalité » (Edouard Glissant) qui prend en compte la dignité de tous.
L’interculturel désigne pour nous un enjeu majeur, dessinant une réponse aux discours et aux pratiques totalitaires qui se positionnent à l’inverse de nos intentions, comme les fondamentalismes religieux, politiques, nationalistes, ethnicistes ou mercantiles.
Nous sommes porteurs d’une interrogation : comment construire une relation entre les uns et les autres dans la fabrication d’un vivre-ensemble, laïc et socialement reconnaissant ? Ces deux valeurs (la laïcité et la reconnaissance) nous semblent devoir cadrer le devenir de nos sociétés et fonder une politique de la relation qui peut faire récit commun.
Les dis sept exécutions commises à Paris les 7 ; 8 et 9 janvier dernier -exécutions commises au nom d’Al-Qaïda et de Daesh- interrogent notre démarche, interrogent violement notre manifeste. Ces crimes sont une rupture du lien, le refus d’une relation, l’abjecte négation de l’Autre. La bête immonde est toujours féconde !
Ces assassinats, génèrent une douleur indicible, un effroi, ils nous rappellent aux responsabilités de chacune et chacun d’entre nous : nous sommes tous responsables de l’avenir de notre monde.
Nous avons la conviction que le travail de rencontre, d'établissement de relations et de « créolisation » sociale peut contribuer à terme à la refondation de la citoyenneté sur la base d'une égalité effective des droits.
C’est une esquisse qui se travaille, se modifie au sein de notre réseau, lequel est ouvert à tous.
Pour prolonger : maisondespassages.org