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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Ces idées venues d’ailleurs : le care (1c/c)

Ces idées venues d’ailleurs : le care (1c/c)

Julien Vercel

Quelques interrogations posées par le care

Au terme de ce voyage politique et français dans le care, plusieurs interrogations demeurent (les références citées renvoient aux contributions dans le dossier que la revue Travail, genre et sociétés a consacré au sujet, n°26, novembre 2011).

Le care peut-il être accusé d’essentialiser les femmes, d’entretenir les stéréotypes en ayant constaté le lien entre l’attention portée aux autres et les femmes ? Il semble que cette lecture puissent être facilement écartée, car ce ne sont pas seulement les femmes qui prennent en charge concrètement, dans nos sociétés, les fonctions et métiers du care, mais ce sont aussi les catégories sociales défavorisées, ethniques ou raciales. Le « sale boulot » (Sandra Laugier) n’est pas fait que par les femmes !

Le care est-il seulement une éthique d’appoint, un « complément du cœur » (Ruwen Ogien) qui viendrait adoucir l’application décevante des grandes théories abstraites sur la justice et l’égalité ? En fait le care introduit une moralité fondée sur la préservation et l’entretien des liens humains au sein de la moralité majoritaire fondée sur l’équité, l’impartialité et l’autonomie. D’un côté le monde est fait de la trame des relations humaines, de l’autre il est fait d’individus isolés et indépendants reliés par des contrats et des règles. Et le care ne vise ni à être un « complément », ni à substituer une moralité à une autre, mais à rétablir un équilibre entre les deux. À faire redécouvrir que chacun est porteur de ces deux voies et que celle du care, traditionnellement dévolue aux femmes, a pu être négligée ou étouffée chez les hommes (Patricia Paperman et Pascale Molinier).

Mais, alors, la définition du care n’est-elle pas trop floue et imprécise ? Selon Joan Tronto, le care est une « action générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible » (Un monde vulnérable. Pour une politique du care, La Découverte, 2009). Mais elle écarte de ce champ la recherche du plaisir, la production et l’activité créatrice, si bien que certains dénoncent le care comme moraliste avec « une certaine conception traditionnelle du bien humain » (Ruwen Ogien) et d’autres relèvent son côté « vague et englobant » qui l’empêche de constituer une « catégorie pratique pour qui veut l’étudier » (Geneviève Cresson).

Fin

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J
Merci de nous élargir le champ, Julien, ça fait du bien au cerveau.
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