Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Jean-Pierre Bacot
Vieilles lunes et satellites
Sous son esthétique moderniste et son rôle de promotion de formes littéraires, la revue Planète a ressorti à ce monde qu’étudie sans relâche Stéphane François (voir notamment, Les Néo-paganismes et la Nouvelle Droite : pour une autre approche, Archè, 2008 et puisque Planète s’intéressa au sujet, Les Mystères du nazisme. Aux sources d’un fantasme contemporain, PUF, 2015). C’est le monde de l’imaginaire des formes modernes de la droite radicalisée, puisant ses référents hors christianisme, ce qui montre bien qu’il s’est agi avec Le Matin des magiciens, comme avec Planète, de fournir une véritable alternative à la pensée dominante, qu’elle soit religieuse ou athée, et que les lecteurs qui s’en emparèrent, sans doute davantage progressistes que les auteurs, ne mordirent pas longtemps à l’hameçon. Certes, le « Réalisme fantastique » devant davantage à Bergier qu’à Pauwels était-il à l’origine plus neutre et le propos aura, au cours du temps, dévié à droite. Il faudrait une longue analyse critique pour étudier ce point et, plus largement l’histoire des supports du spiritualisme non religieux.
Si Planète, qui est devenu un objet de collection pour bibliophiles, relève aujourd’hui d’un aspect vintage, old fashion, il eut une descendance. Il y eut d’abord, en 1975, la revue Question de. Spiritualité, tradition, littératures, dont s’occupa Pauwels lui-même et qui existe toujours chez Albin Michel. Elle s’est transformée récemment en « magazine-book semestriel », dirigé par Marc de Smedt et s’est dotée d’un site qui offre des compléments d’enquête ainsi que, tous les trois mois, des dossiers inédits tirés de ses archives. Le premier numéro de cette nouvelle série est titré : « La méditation, aventure incontournable ».
Parallèlement, nous sommes tombés dans nos recherches sur une autre publication qui peut laisser supposer qu’il existe une sorte de continuité avec Planète. Qu’on en juge. Le bimestriel Stargate a été fondé en 2003 et est devenu après son n° 12, Sacrée Planète, titre qui en est à son numéro 68. Voici comment il se présente en ligne, corrections orthographiques et grammaticales faites par nos soins : « Sacrée Planète est un magazine qui pose, sur tous les aspects de la vie, un regard curieux et constructif. Parce que notre planète recèle bien des trésors, nous explorons tout ce qui à ce jour reste encore mystérieux ou inexpliqué. Plus extraordinaire encore est le fonctionnement de la vie elle-même ! Pour cela, nous donnons la parole à tous ceux qui essayent de comprendre le vivant et d’en prendre soin, de l’infiniment grand à l’infiniment petit ! Sacrée planète explore des pays lointains ou des époques anciennes, à la recherche de la sagesse intemporelle et universelle de l’être humain et va à la rencontre des «créatifs » d’aujourd’hui, ceux qui inventent de nouvelles façons de vivre, de cultiver, de travailler, de se soigner, de concevoir le monde… Positifs mais non naïfs, nous avons conscience de l’ombre et de la lumière qui font toutes deux partie intégrante de notre monde. La dualité existe pour être dépassée, pour nous emmener vers d’autres horizons, d’autres points de vue, pour élargir notre conscience. Le grand mot est lâché, Sacrée Planète a pour ambition de contribuer à l’élargissement des consciences, car c’est là que tout commence, au cœur de tous les êtres vivants ». Faute de connaître le lectorat de cette revue, nous ne gloserons pas plus que de raison sur une éventuelle filiation, nous contentant de noter l’existence d’une sorte d’écho.
Fin