Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
~~Rédac’
Le n° 4 (janvier 2015) de la nouvelle série de la revue Joaben provenant du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France et édité par Conform poursuit sa politique d’articles courts pour un total d’une centaine de pages (12€). En réalité, il s’agit, dans la plupart du temps, de planches qui mériteraient probablement pour certaines d’être réécrites.
Le sommaire comprend une « note sur la transmission des grades capitulaires du rite français du Grand Orient de France » par Roger Dachez, texte très politique et déjà assez ancien, puisque le propos de l’auteur était de montrer en quoi la transmission d’une parente brésilienne passée par la Belgique à des Sœurs scissionnistes du Grand Chapitre Féminin de France pouvait être considérée comme illégitime. Il ne semble pas que la Grande Loge Féminine qui avait commandité ce rapport à l’historien en ait depuis tiré les conséquences.
Suit un article de Paul Leblanc sur les grades symboliques du Rite Français au XVIIIe siècle, soit ce que certaines loges qui les pratiquent appellent généralement le Rite Français Rétabli. Ces textes se situent dans la lignée des Modernes, avec trois éléments fondamentaux, les trois coups irréguliers, la marche commençant du pied droit, la colonne J au Sud et la colonne B au Nord. On notera qu’un certain nombre de pratiques et de symboles (miroir, VITRIOL), postérieurs, n’y figurent pas, mais qu’en revanche le tryptique Sagesse, Force et Beauté se trouve invoqué au deuxième degré.
Frédéric Sanche propose pour sa part une réflexion sur « l’architecture symbolique des Ordres de sagesse et la problématique de la parole ». Après la perte de la dite parole avec la mort du maître au troisième degré, la question est de savoir comment la retrouver sous une autre forme qu’une sorte de Révélation à fort parfum chrétien, cet INRI auquel l’auteur propose de substituer le mot « humanité ».
Dans le texte qui suit, Jean Xech réfléchit sur la nature de l’humanisme que peuvent porter les ordres de sagesse, autour de cinq notions principales : la connaissance, l’éthique, l’indépendance intellectuelle, la laïcité, la confiance.
L’article le plus construit de ce volume est sans contexte celui que signent Laure Caille et Colette Léger sur « du grade de Rose-Croix et de quelques légendes ». Reprenant l’histoire de ce degré, elles en analysent le caractère chrétien, puis le rejet dont cette caractéristique fit l’objet, avec des tentatives de laïcisation. A ce titre, le rituel issu de la Chambre des Grades dirigée par Roëttiers de Montaleau en 1786 était déjà bien différent des moutures repérables dans les années 1760. La fin de l’article est davantage essayiste, revenant sur l’affaire brésilienne et introduisant en quelques mots la question du garde de Kadosh.
C’est le caractère français de ce grade qui figure en 30° position sur l’échelle écossaise qu’illustre Ludovic Marcos, l’auteur se défendant prudemment en introduction de vouloir le réintroduire dans le corpus du Rite Français. Il souligne cependant la logique hiramite de ce qui ressortit à la fois aux deux familles d’élu et de chevalier et qui n’eut pas toujours bonne réputation. Il note aussi, non sans quelque bon sens, que son absence dans la synthèse française des années 1780 est pour beaucoup dans l’avantage que prendra le REAA qui, lui, l’intégrera, d’autant qu’après la douche christique du passage par le grade de Rose-Croix, ce Kadosh apparait à beaucoup comme un grade de liberté.
Quant au dernier article, signé Gérard Chomier, depuis son titre « des fondamentaux du rite français et de ordres de sagesse, partant ? », jusqu’à son contenu il est étrangement écrit, ou plutôt ne l’est pas vraiment, puisqu’il s’agit d’un discours oral prononcé aux rencontres internationales Ramsay, à Paris en 2013.